Lectures d'octobre 2021

 

Écrivains du sud des rives de la Méditerranée, de 

l'Atlantique au canal de Suez



Un thé sur la montagne

Paul Bowles. 1910, décédé 1999.
Écrivain américain qui a vécu au Maroc, à Tanger.

C'est Gertrude Stein, rencontrée à Paris au cours des années 30, qui le pousse à écrire et à s'installer à Tanger

Il fait partie de la beat génération, Burroughs, Kerouac. La pédérastie était dans les mœurs, ainsi que la pédophilie.
Le livre est une série de nouvelles sur Tanger.
Belle description de lieux que je situe parfaitement, le détroit de Gibraltar, la mer, avec l'Espagne qu'on ne peut voir que par beau temps. Séries d'histoires anecdotiques sur la ville et ses habitants.
Il y a aussi une nouvelle intitulée Un thé au Sahara dont Bernardo Bertolucci a fait un film.
Pour conclure, Bowles écrit comme on capture des instantanés.

  Ingrid

  

L’art de perdre

Alice Zeniter

L’Algérie dont est originaire sa famille ’a longtemps été pour Naïma qu’une toile de fond sans grand intérêt. Pourtant, dans une société française traversée par les questions identitaires, tout semble vouloir la renvoyer à ses origines. Mais quel lien pourrait-elle avoir avec une histoire familiale qui jamais ne lui a été racontée ?Son grand-père Ali, un montagnard kabyle, est mort avant qu’elle ait pu lui demander pourquoi l’Histoire avait fait de lui un « harki ». Yema, sa grand-mère, pourrait peut-être répondre mais pas dans une langue que Naïma comprenne. Quant à Hamid, son père, arrivé en France à l’été 1962 dans les camps de transit hâtivement mis en place, il ne parle plus de l’Algérie de son enfance. Comment faire ressurgir un pays du silence ?

Dans une fresque romanesque puissante et audacieuse, Alice Zeniter raconte le destin, entre la France et l’Algérie, des générations successives d’une famille prisonnière d’un passé tenace. Mais ce livre est aussi un grand roman sur la liberté d’être soi, au-delà des héritages et des injonctions intimes ou sociales.

Hamida


 

L'IMPASSE DES DEUX PALAIS

Naguib MAHFOUZ

Gros roman dans l'Egypte des années 1917-1919 (paru en 1956).

Histoire d'une famille égyptienne : le père, commerçant important très autoritaire, sa femme entièrement soumise aux desiderata de son mari, les enfants.

Amina, dans un dévouement absolu pour son mari, vit confinée dans le palais et ce sera le drame le jour où son fils l'entraînera dehors pour une cause, à nos yeux de femmes occidentales, bien anodine tournée vers le religieux.

En toile de fond aussi la révolution qui se prépare, les égyptiens voulant se débarrasser des britanniques qui les oppriment notamment du fait de leurs intérêts liés au canal de Suez.

C'est une lecture qui demande de la disponibilité mais passionnante.

Claude

 

Zabor ou les psaumes, est une belle ode à l'écriture, aux mots, aux livres

Kamel Daoud, né en1970 en Algérie, est un écrivain et journaliste algérien d'expression française, s'il écrit en français et non en arabe, c'est, dit-il, parce que « la langue arabe est piégée par le sacré, par les idéologies dominantes. On a fétichisé, politisé, idéologisé cette langue»

Un conte façon mille et une nuits, l'histoire d'un enfant banni, passionné par les livres, l'écriture et la langue française, Il a été mis à l’écart par son père qui a répudié sa mère alors qu’il était nouveau-né. Celle-ci meurt quand il est tout jeune et il va vivre avec sa tante toujours relégué par son père, boucher fortuné. Zabor, qui est sujet à des crises, des vertiges et des hallucinations, est pour lui et son prestige, une infamie.

Ismaël qui se renomme lui-même Zabor, est chétif, non circoncis, il a une voix de chèvre, enfant, il a des hallucinations qui font penser à la possession et qui lui feront quitter l’école. Il va inventer mille histoires et découvre le pouvoir infini des mots. Depuis toujours, il est convaincu d’avoir un don : s’il écrit, il repousse la mort; celui qu’il enferme dans les phrases de ses cahiers gagne du temps de vie. Telle une Shéhérazade sauvant ses semblables, il expérimente nuit après nuit la folle puissance de l’imaginaire. "Ecrire est la seule ruse efficace contre la mort. Les gens ont essayé la prière, les médicaments, la magie, les versets en boucle ou l'immobilité, mais je pense à être le seul à avoir trouvé la solution: écrire." Au fil du temps, la réputation de Zabor se propage; de plus en plus de gens viennent solliciter son pouvoir de s'opposer à la grande Faucheuse. Il découvre aussi la sexualité à partir de journaux français où sont étalés des corps de femmes. Zabor rêve d'épouser Djemila, qui ne sait ni lire, ni écrire, une femme répudiée avec deux enfants, afin de lui rendre son corps.

Son père, Hadj Brahim est mourant et ses 1/2 frères l'appellent pour sauver celui qui n'a jamais su l'aimer, mais il est un devenu un homme libre...a t'il encore envie de sauver son géniteur et aider les siens qui commencent à se distribuer les terres, les moutons ? Veut-il enfin se faire reconnaitre par lui ?

Appelé au chevet de son père, Zabor voit son don s'essouffler, insensible incapable d'amour ou de tendresse envers ce vieillard qui l'a rejeté.

Le texte est construit au fil de la pensée de Zabor, le narrateur. Il nous livre son histoire, ses doutes, ses projets et ses réflexions sur son don. Construit à la manière des Milles et une nuit, texte régulièrement cité dans le roman, le récit se livre par petit bout. On y pénètre par allers-retours dans le temps et par association d’idées. Les pensées de Zabor se mêlent, parfois introspection et parfois description de l’instant.

Anne


  « Nulle part dans la maison de mon père»: Assia Djebar 
Elle évoque son enfance et son adolescence à Alger avec un père, instituteur indigène, qui reste attaché à une rigueur musulmane.
Il s'offusque que sa fillette montre ses jambes en tentant  d'apprendre à faire du vélo.
Plus tard, il déchirera la lettre anodine que lui a adressée un jeune homme.
Mais ce même père l'a libérée de l'enfermement en lui faisant faire des études.
A l'heure du bilan, Assia constate que l'empreinte du père l'a beaucoup marquée, elle est restée entre deux, à la fois libre et entravée.

Hélène


  

« Le Grain Magique » par Marguerite Taos Amrouche.

Une anthologie de contes, proverbes, poèmes 

Kabyles collectés par une grande dame de l Algérie qui fut aussi chanteuse.

Le conte du chêne de l’ogre, proche de notre petit chaperon rouge inspira Idir pour sa célèbre chanson Avava Inouva.

Christine


 


  BD :Amazigh (cela signifie Homme libre en berbère )

 Ecrite en français par Cédric Liano né en 1984 à Creil,comme moi, et dessinée par Mohamed Arejdal né en 1984 aussi dans le Sud marocain ,artiste multiformes ,considéré comme un électron libre talentueux .

En 2007,ce dernier est sélectionné par la Biennale de Bari puis par l Institut du monde arabe en 2014 pour l' exposition :Le Maroc contemporain.

C'est à Tétouan qu'ils se rencontrent où Liano vient enseigner quand Mohamed y étudie

Amazigh retrace le parcours vécu par Mohamed  qui à 17 ans tente une traversée clandestine aux Canaries ,persuadé que l,Europe est promesse de bonheur et de richesse procurés par son talent.

Parti avec un ami ,il connaîtra le terrible sort des clandestins que l'on vole ,maltraite,méprise.

Son expulsion sur sa terre natale lui réservera une bienheureuse surprise qui lui permettra de faire évoluer son talent .

Le dessin sans fioritures  est soutenu par un texte plein d émotions souvent bouleversantes.

 Les hommes construisent des murs alors qu'ils devraient construire des ponts ... pourrait être la morale de cette BD.

Monique



Prochaines rencontres du groupe lecture :

Lundi 22 Novembre 19h à la maison de quartier du Petit Pantin

Le thème sera : "l'obscurité dans la poésie ou dans dans un roman". 

Ainsi que des échanges autour de nos dernières lectures.

 

Lundi 10 janvier 2022 nous nous proposons de lire : 

"la bâtarde d'Istanbul" d'Elif Shafak. Nous échangerons aussi autour 

de nos dernières lectures.