En ce mois pluvieux nos lectures nous ont menées de Paris à Prague, en passant par Londres et Berlin. Nous avons aussi voyagé en pays latin Barcelone, Naples, Rome et Venise. Nous nous sommes transportés à Savannat en Georgie au sud des Etats-Unis. Nous sommes revenues en passant par Reims
"Le Noël du commissaire Ricciardi" - Roman policier
Maurizio de Giovanni né à Naples en 1958 -
Ecrivain, banquier, journaliste, sportif
Naples décembre 1931. Dans un quartier côtier de Naples, appelé Mergellina, a eu lieu un double meurtres. Il s'agit d'un couple, le mari fait partie de la milice fasciste. Ils ont une petite fille dont la tante, bonne soeur, s'occupe principalement. Le commissaire et son adjoint vont mener l'enquête. Noël et fascisme tiennent une place importante pour l'enquête.
Le commissaire est un homme taciturne, secret, hanté par tous les êtres qui ont perdu la vie soit par accidents ou meurtres qu' il a été chargé d'élucider. Cela l'empêche de créer des liens amicaux ou amoureux. Il n'apprécie que son adjoint qui a lui-même des problèmes familiaux à régler.
Toute la ville de Naples, la pauvreté (des pêcheurs en particulier), la beauté de certains paysages, son port avec le trafic incessant des marchandises et des passagers, sont décrits avec beaucoup de détails ainsi que tous les préparatifs de Noël, toutes les traditions locales : marchés, parfums, crèches (beaucoup d'explications sur la signification de tous les personnages et animaux), repas typiques, chants.
Cette enquête se déroule au moment où le fascisme se développe avec tous ses partisans et réfractaires, jeunes et adultes recrutés plus ou moins de force ce qui va compliquer l'enquête du commissaire.
Beaucoup d'expressions italiennes utilisées sont traduites en français en bas de page.
Cécile
« La ville des prodiges » Edouardo Mendoza
Dans ce roman, la ville de Barcelone est un personnage aussi important que ne l’est Onofre Bouvila jeune garçon de 13 ans qui quitte sa campagne pour cette ville où il espère pouvoir manger à sa faim. On est en 1888, Barcelone va accueillir L’Exposition universelle, ce qui génère maints travaux et démolitions. La ville présente encore des constructions insalubres, des rues coupe-gorge où vivotent des individus très souvent louches. Onofre va très vite être impliqué dans des milieux anarchistes puis grâce à son esprit inventif ,qu' aucune conscience ne limite, il va grimper tous les échelons de la société jusqu'à tutoyer les puissants du monde entier. Un roman foisonnant, regorgeant de détails historiques, de personnages réels, écrit avec le style et la verve d'un roman picaresque.
"BERLIN, la Cité des Pierres" Jason Lutes
BERLIN, roman graphique historique dont la cité des pierres est un premier volume. Deux autres suivront sur une période de 10 ans.
Rencontre d'un journaliste pacifiste Kurt et d'une jeune artiste peintre Marthe dans Berlin pour la période de 1928 au 1er mai 1929. Pendant ses heures sombres de la République de Weimar, Jason Lutes a méticuleusement reconstitué les ambiances différentes de la vie berlinoise : le milieu intellectuel, artistique, festif, la grande pauvreté pour beaucoup, les combats politiques, les juifs. Le récit se termine par la grande manifestation du 1er mai 1929 qui sera réprimée dans le sang. La lecture des dialogues couplée au graphisme percutant en fait un roman oh combien passionnant à parcourir.
La BD c'est aussi de la littérature !!
Claude
"La pleurante des rues de Prague"Sylvie Germain
Une inconnue se glisse furtivement dans les rues de Prague, sa ville. Elle n’a ni nom, ni âge, ni visage.Son corps est majestueux, une géante. Elle boite. Ses vêtements sont simples en tissu grossier et de mauvaise coupe.
12 apparitions au rythme des saisons, dans les différents quartiers, comme des évocations de l’histoire souffrante de Prague.
Un essai poétique à l’écoute de l’âme d’une ville.
"Le bourreau de Gaudi" Aro Sainz de la Maza.
L'auteur est né à Barcelone en 1952, il est éditeur et traducteur. .
Le livre : 600 pages palpitantes. Deux hommes importants de Barcelone sont torturés puis brûlés vifs et retrouvés dans un monument conçu par Gaudi à Barcelone. C'est un meurtrier sadique, cruel et insaisissable qui est l'auteur de ces crimes épouvantables. Milo Malart et sa sous inspectrice sont chargés de l'enquête. Milo est un homme irascible, instable qui ne se remet pas de la mort de son neveu . Ce livre est un thriller puissant qui nous emmène dans les méandres d'une Barcelone rongée par la corruption, les magouilles politiques, la misère sociale qui découlent des profondes mutations urbaines qui ont fait de Barcelone une ville dédiée au tourisme de masse.
Un grand hommage est rendu à Gaudi dans ce livre palpitant qui permet au lecteur de voir la face cachée de la ville.
Martine L
« Mrs Dalloway » Virginia Woolf
Une journée dans la vie de Clarissa Dalloway. Une journée dans la vie de cette femme au foyer qui prépare une réception pour son mari. . Le matin même, Peter l’amour de sa jeunesse, est revenu la voir lui annoncer son mariage prochain avec une indienne.
Lors de sa déambulation dans Londres, Clarissa s’interroge sur le sens de sa vie, sur le choix qu’elle a fait d’épouser Richard Dalloway, homme bon, intègre honnête mais sans fantaisie aucune plutôt que Peter Walsh auquel elle songe avec nostalgie
Tout au long de cette journée, nous faisons connaissance avec plusieurs londoniens et Septimus en particulier, ancien militaire marqué par la guerre, qui ne ressent plus rien et qui va finir pas se suicider et que l’on retrouvera tout au long de cette journée.
Nous passons d’un personnage à un autre sans transition, souvent dans le même paragraphe présentant leurs sentiments, leurs pensées.
Différents thèmes sont explorés :
La société britanique, « very british » dans l’entre 2 guerres.
La mort est très présente, à travers la guerre, le suicide de Septimus.
L’amour bien sûr, celui de Clarissa envers Peter, Lucy envers Septimus Clarissa envers Sally.
Une journée très londonienne au son de Big Ben et qui nous fait traverser la capitale et son ambiance britannique.
Difficile à lire, il ne se passe rien, et parfois à s’y retrouver dans tous ces personnages amenés sans transition. Mais l’écriture est si belle qu’on a envie de continuer.
Anne
« Rome noir » d Chiara Stangalino et Maxim Jakubowski
A travers 16 nouvelles policières ce livre évoque le passé de Rome
(les combats de gladiateurs dans le Colisée, Pasolini assassiné à Ostie,la
villa Borghèse),
mais aussi les difficultés de la vie actuelle (pauvreté, saleté, délinquance,
immigration sauvage, racisme).
Hélène
"Minuit dans le jardin du bien et du mal" John Berendt
Une ambiance très particulière et un personnage tout autant dans une ville intemporelle avec une vie comme lui très originale, le temps est comme suspendu dans une époque disparue que l'on aurait vivre...Une histoire vraie !!
Annette
«Paris est une fête», Ernest Hemingway
en 1957 alors qu'il est déjà prix Nobel de littérature et fortuné. Il a utilisé des souvenirs de sa jeunesse insouciante et bohème à Paris où il était arrivé en 1921 comme reporter de 22 ans, avec sa première femme Hadley. Il a adoré la vie parisienne à une époque où l'on pouvait habiter rue du Cardinal Lemoine et aller au Dôme de Montparnasse ou à la « Closerie des Lilas » pour trois fois rien. Il y a fait son apprentissage d'écrivain en côtoyant d'autres Américains expatriés comme lui : Francis Scott Fitzgerald, Gertrude Stein, Ezra Pound, ainsi que l'Irlandais James Joyce. Dans ce livre Hemingway retrace des tranches de vie en les idéalisant. Il les appelle « vignettes parisiennes » Nous restons nostalgique avec lui devant ce Paris bon marché, plein de cafés chaleureux, où les apprentis écrivains pouvaient intégrer les salons des stars littéraires de l'époque. L’auteur adorait Paris et décrit passionnément la ville et son amour pour Hadley. Le livre se termine sur la rupture des époux Hemingway : ils ont quitté Paris en août 1924 pour le Canada. Paris est une fête est finalement paru en 1964, trois ans après le suicide de l'écrivain.
Emmanuelle
« Retour à Reims » Didier Eribon.
Ce dernier, après la mort de son père, peut revenir dans sa ville, voir sa mère, revenir sur sa trajectoire personnelle. Il prend la mesure de la domination de classe que sa famille et lui même ont subi et rééquilibre sa vision de la rupture qu'il a du opérer avec son milieu d'origine pour construire sa vie d'intellectuel et homosexuel.
Mathilde
« La tentation du pardon » Donna Leon
Née dans le New Jersey, l’auteur vit depuis plus de trente ans à Venise, ville où se situent toutes les intrigues : les enquêtes du Commissaire Brunetti.
La découverte des deux visages de la Sérénissime, celui qu’elle offre aux touristes et celui qu’elle réserve aux intimes. C’est peut-être une vision stéréotypée de la Péninsule italienne, mais les intrigues tournent autour des thèmes de sociétés contemporains et progressistes.
- La place de la femme,
- Les atteintes à l’environnement,
- Les passe-droits que détiennent les classes aisées et que n’ont pas les classes fragiles par rapport aux nombreuses tracasseries administratives (Des amis haut placés).
L’intrigue de cet ouvrage mêle les problèmes de drogue et l’arnaque aux médicaments, mais ce qui donne la saveur à l’ouvrage sont les déambulations du Commissaire Brunetti dans sa ville.
«Brunetti estima qu’il en avait assez fait pour la journée et qu’il pouvait partir plus tôt. Sans rien dire à personne, il prit à droite en sortant de la questure, puis franchit le premier pont à gauche et s’éloigna du centre-ville, laissant à ses pieds le soin de décider du chemin, il finit par se retrouver au bacino d’où il pénétra dans Castillo. Il emprunta la via Garibaldi (une des rares rues de Venise à porter le nom de via comme dans les autres villes italiennes. Il fut rassuré de constater que presque tous les gens autour de lui étaient vénitiens. Il n’avait pas besoin de les entendre parler le dialecte, leur manière de s’habiller et leur allure si naturelle lui prouvait bien qu’il s’agissait de locaux.
Il rentra il avait poussé jusqu’à l’Eglise San Pietro di Castillo ou il avait allumé une bougie en souvenir de sa mère. »
«La nuit était submergée de caigo cette humidité toute vénitienne qui noie les poumons, brouille la vue et recouvre le sol d’une pellicule visqueuse et glissante. Brunetti marchait vers le Rialto savourant la sensation subtile d’être dans une ville abandonnée, drapée d’une substance à mi-chemin entre la brume et le brouillard. Il s’arrêta et tendit l’oreille, sans entendre un seul bruit de pas. Il reprit sa route vers le camp Sant Aponal. Il était en chemin vers les vestiges d’une grande violence, mais n’en concevait aucune détresse, rien que le calme engendré par le fait de se retrouver dans sa ville d’autrefois ; une ville de province endormie, aux rues souvent vides, où il ne se passait pas grand-chose. »
On retrouve également ce chauvinisme vénitien :
« A l’instar d’un trilobite du Cambrien, Parra avait faire son trou à la questure de Venise et y était devenu une sorte de fossile vivant. Avec lui, pétrifié dans la même strate, comme lui, un natif de Palerme lui ayant préféré ces nouveaux pâturages. Les commissaires allaient et venaient, 3 différents questeurs s’étaient succédé depuis que Patta était en poste à Venise, même les ordinateurs avaient été remplacés, mais Patta restait, telle une moule accrochée à son rocher, indifférent aux vagues qui le laissaient intact et bien en place avec son fidèle lieutenant à ses côtés.
Et pourtant ni Patta ni Scarpa n’avaient jamais témoigné le moindre enthousiasme ou affection quelconque envers Venise. Si quelqu’un disait que Venise était belle ou se risquait même à la qualifier de plus belle ville du monde, ils échangeaient un regard empli d’une désapprobation tacite, peut être semblaient ils penser tous deux, mais avez-vous déjà vu Palerme ? »
« Elle était napolitaine la vengeance pouvait prendre du temps mais elle serait consommée »
On retrouve également la place de la femme :
« Quand je suis rentrée dans la police personne n’imaginait interroger une femme. Nos professeurs les pensaient sans doute au foyer, en train de s’occuper des enfants »
« Une tragédie a frappé ma famille … mon fils se marie en juillet, son père est Policier ? oh c’est bien plus grave, elle est Ecossaise !!! »
La nostalgie du passé, comme dans toutes les villes européennes et mondiales :
« Vous vous rappelez le magasin de jouets il avait disparu comme les autres boutiques du même genre remplacées par de la pacotille pour touristes des jouets inutiles pour adultes tous fabriqués en chine et passant pour vénitiens »
« On n’y vend rien pour les vénitiens … »
Martine B
il était alors logé dans une chambre mansardée louée par Marguerite Duras
Christiane