Lectures de mars

 Nous nous sommes retrouvées le 8 mars; le thème ne pouvait qu'être autour des femmes : La femme et la religion, ou de façon plus large, la place de la femme dans la société.



 "Bakhita"  de Véronique Olmi   -   née en 1962 à Nice - Elle est également scénariste et comédienne

Jeune soudanaise née en 1869 au Darfour. A l'âge de 7 ans, alors qu'elle n'a connu que la douceur de sa mère (11 enfants : 4 morts et 2 enlevés) et a vécu entourée et protégée, elle est razziée par de hommes de son peuple, puis vendue.

1/3 du livre est consacrée à tout ce qu'elle va subir pendant sa vie d'esclave sans jamais perdre sa rage de vivre, en surmontant tous les chagrins et apporter son aide aux  malheureux qu'elle rencontre en particulier aux enfants.

Jusqu'au jour où elle est achetée par le Consul d'Italie au Soudan qui va l'emmener en Italie où elle subira encore l'esclavage, sans les coups de fouet, mais avec encore beaucoup de cruauté.

Un homme, très religieux, va enfin venir à son secours. Elle va refuser de suivre sa dernière maîtresse qui voulait la faire repartir au Darfour. Elle va devenir novice chez les sœurs (canossiennes : religieuses enseignantes et catéchistes de droit pontifical et les sœurs salésiennes, formatrices pour la jeunesse) après un procès retentissant qui la libère de sa position d'esclave. Peu à peu, elle va gravir les échelons dans la hiérarchie religieuse.

Constamment rejetée en raison de sa couleur peu habituelle en Italie, elle sera rejetée, montrée du doigt mais arrivera toujours à se faire aimer. Elle va connaître les deux guerres et la colonisation de l’Éthiopie par Mussolini de 1936 à 1941, pays dans lequel il fera de milliers de morts.

Bakhita meurt en 1947 à l'âge de 78 ans et sera béatifiée par Jean Paul 2 en 1991 ; en 2000 elle devient la première femme sainte soudanaise et la première femme africaine à être élevée à la gloire des autels par Jean Paul 2.

Cécile  

 
"Blanc autour" BD de Wilfrid Lupano pour le scénario 

et Stéphane Fert pour les dessins et couleurs.  

Reprend des faits réels .Près de Boston en Amérique,une petite école reçoit des jeunes  filles blanches qu'elle éduque. Pour avoir accepté qu'une jeune noire, curieuse de savoir, assiste au cours, Prudence Crandall, s'attire les foudres des familles blanches et voit son école se vider. Elle prend le parti de l'ouvrir alors aux jeunes filles noires. Cet établissement va cristalliser la violence et la haine des bons "bourgeois" qui s inscrivent dans la période bouleversée de la fin de l esclavage. 

 Monique                                                 

 

 


 TITUBA, sorcière noire de Salem
  roman de Maryse Condé

Maryse Condé, une grande romancière française contemporaines, a souhaité rétablir la mémoire de Tituba, seule personne de couleur, accusée de sorcellerie dans un procès retentissant en 1692 à Salem, dans le sud des États-Unis (colonie de l'Angleterre à cette époque)

Tituba, née à la Barbade, est une jeune femme aux croyances animistes, connaissant bien les plantes et faisant parfois office de guérisseuse. Par une suite d'évènements, elle se retrouve à Boston, puis à Salem, rachetée par un pasteur presbytérien rigoriste, Samuel Parris.

A la suite d'une dénonciation, elle est accusée de sorcellerie et avec elle des femmes et hommes de cette communauté puritaine prise d'une hystérie collective incontrôlable.

Du point de vue historique, ce procès a fait l'objet de beaucoup de recherches, mais on a oublié Tituba, du fait de son statut d'esclave noire.

Maryse Condé enrobe cet événement historique d'une fiction très agréable à lire et qui nous fait frémir quand on songe à l'emballement des dénonciations et rumeurs qui ont mené à ce procès inique.

Il a fait également l'objet d'une pièce de théâtre « Les sorcières de Salem » d'Arthur Miller en 1953, devenue un classique des pièces contemporaines.

Claude    

 

"Les impatientes" de Djaïli Amadou Amal 

L’auteure est née en 1975 à Maroua au en 1975. Elle est donc une écrivaine camerounaise et elle a choisi de s’exprimer en français. 

Elle est militante féministe : son mouvement : l’association Femmes du Sahel. Ses romans sont inspirés par sa vie. Elle a été mariée à 17 ans dans le cadre d’un mariage forcé où le mari avait plus de 50 ans. En 1988 elle parvient à quitter son mari après 5 ans de vie commune. Au bout de 10 ans, elle quitte son second époux violent pour s’installer à Yaoundé. Au moment de la rupture, son mari kidnappe ses deux filles par vengeance. Djaïli trouve un travail grâce à son BTS de gestion et à la vente de ses bijoux en or. Elle se met à écrire parallèlement . Dès son premier roman, Walaande, l’art de partager un mari paru en 2010, elle dénonce les pesanteurs sociales liées aux traditions et aux religions. Après plusieurs romans, paraît les impatientes, réécriture de son 3ème roman, Munyal. Ce livre atteint la finale du prix Goncourt 2020. Finalement, le livre obtient le prix Goncourt des lycéens.

Le roman : c’est l’histoire de 3 femmes vivant à l’extrême nord du Cameroun qui luttent contre la violence exercée à leur encontre : le mariage forcé, le viol conjugal, la polygamie et à qui l’on répète sans cesse : Munyal (patience en peul). Chaque partie du roman montre une forme de violence subie par les femmes, dans le mariage. C’est un roman, universel, facile à lire mais très difficilement supportable dont on ne ressort pas indemne. 

Martine L. 

 


 "La Sorcière"
de Jules Michelet

édité en 1862, cet ouvrage  relate les persécutions du moyen âge à la Révolution, dont ont été victimes les femmes guérisseuses. Et comment en les faisant passer

pour des sorcières malfaisantes, la religion et la médecine sont devenus des institutions régies par les hommes.

 

Numéro LA VIE  HorsSérie HISTOIRE   la Bible et les femmes

Des chercheuses et écrivaines issues du judaïsme du protestantisme et du catholicisme

interrogent la bible sur la place de la femme, balaient les clichés et nous renvoient à des questions essentielles.

Christine  

 

"La tresse" Laetitia Colombani

Ce livre présenté comme féministe raconte le combat quotidien de 3 femmes. 

La première femme, Smita est indienne. Intouchable. Et comme tous les intouchables elle accomplit les tâches les plus avilissantes. En ce qui la concerne, nettoyer les toilettes des gens. Elle n’arrive jamais complètement à se débarrasser de cette odeur qui lui colle à la peau, imprègne chaque centimètre de son corps, mais pour elle une chose est certaine, sa fille doit se sortie de sa condition en suivant des études.

La deuxième est italienne. Sa famille possède un atelier de perruques. Une affaire dont elle découvre qu’elle est au bord de la ruine. Il faut trouver une solution pour la sortir du rouge…

La troisième enfin, Sarah est canadienne. Une avocate à succès dont le salaire mensuel aligne les zéros. Mais elle évolue dans un monde dans lequel le moindre signe de faiblesse signe votre arrêt de mort. Elle a beau vouloir cacher son cancer à son patron et continuer à gagner ses procès comme si elle n’était pas épuisée par les chimios, le secret finira par s’éventer….

Les 3 héroïnes ne se retrouvent liées car Smita se rend dans le temps de Vishnou pour faire offrande de ses cheveux pour avoir l’aide de son dieu pour continuer son voyage

. « si les italiens ne gardent plus leurs cheveux, les indiens eux les donnent »

Giula va donc récupérer ces mèches de cheveux afin de fabriquer une perruque et Sarah après son traitement contre le cancer, n’a plus de cheveux

Les héroïnes de ce roman doivent être des guerrières, avoir la force et la combativité qui sont habituellement des traits de caractères assignés aux hommes. A l’inverse, elles doivent effacer toute qualité souvent pensée comme féminine, l’empathie, la bienveillance et l’indulgence. Ce roman est l’histoire de 3 individus, ce n’est jamais un combat collectif avec une réflexion sociale aboutie. Smita par exemple refuse que sa fille nettoie les latrines des autres comme elle, et se bat pour retrouver sa dignité. Elle organise sa fuite mais son histoire reste une trame individuelle, celle d’une maman qui tente de se débattre dans un monde difficile, tandis que pour Giula, la réussite passera par le sauvetage de l’entreprise de son père. Et pour ce faire, la matière première des cheveux italiens venant à manquer, il faut aller la chercher en Inde « importer c’est la seule façon de sauver l’atelier ».

Quant à Sarah, working girl qui refuse de vieillir, s’enferme dans le carcan de la haine de soi, puisqu’elle est une femme et dépasse la quarantaine.

Ce roman à mon avis fait preuve de sexisme notamment par un éloge de la beauté, validée par le regard des hommes. Si le roman dépeint le destin de femmes fortes, celles-ci sont pourtant construites et grandies par des hommes.

« Giulia est belle, on le lui a souvent dit » Sarah plaisait … peu d’hommes lui résistaient. La validation des corps des deux femmes passent par le regard des hommes.

En conclusion, j’ai trouvé que ce roman ne révélait pas une pensée féministe aboutie. 

L’auteur a essayé de faire un portrait de cette société mais a oublié les multiples formes de domination qui s’entremêlent, les injonctions que les femmes perpétuent elles même et surtout la domination des femmes blanches, des pays occidentaux, de leurs richesses et de leurs privilèges. 

Martine B 

 

 

"de la laïcité"  de Caroline FOUREST : 




  Ce livre répond aux attaques de la laïcité française par les intégristes et les  partisans du modèle américain.
  Il retrace l'histoire de la loi de 1905 et de l'école laïque associées à la constitution de notre république.
  Ce livre défend une vision combative et équilibrée du modèle français.

 Hélène  

 

 

 

 


"La folle allure"
de Christian Bobin.

Il s'agit d'un récit-portrait à la première personne, d'une femme farouchement libre, depuis sa plus tendre enfance.

Son évolution au cours du livre est de finir par faire assumer ses propres choix, ses projets dans l'avenir, au lieu de se contenter d'assumer les hasards de la vie, en comprenant d'où et de qui                                                 elle vient...

Une écriture simple en apparence mais raffinée et élaborée ...

Mathilde 



Quelques notes sur l’analyse de Laure MISTRAL dans « Et Dieu créa les femmes » qui nous donne un certain regard



Le Dieu unique est apparu au moyen orient balayant prêtresses et déesses.

Les religions monothéistes plongent dans la culture éminemment patriarcale du Moyen Orient. La femme est épouse et mère, elle doit obéir et on transforme les coutumes en loi.

Dieu est toujours représenté sous des traits masculins.

Pourtant au début Dieu crée l’être humain, l’Adam, mâle et femelle, ce n’est que plus tard qu’il opère la séparation (la côte d’Adam) femelle et mâle.

Il existe des milliers d’interprétations de la bible, qui représentent toujours la femme comme irresponsable et inférieure, mais qui émanent toute d’hommes.

On connait les prophètes masculins ainsi que les anges quand ils sont sexués. Mais on connait moins le terme de sekhina, nom féminin pour exprimer la présence divine dans le Talmud, ou Sakina dans le coran

Les religions sont un mélange des traditions qui deviennent un diktat religieux. Effrayées par la société moderne, la religion veut revenir aux sources, mais bien difficile de déterminer quelles sont les sources.

Marie arrive comme intermédiaire entre Dieu et les hommes mais elle est présentée comme un modèle de soumission.

Seul Jésus pourrait peut-être être considéré comme féministe. Il s’adresse à des femmes rejetées, la prostituée, la femme adultère ;

C n’est qu’en 1841 qu’arrive la bat-mitzvah

Dans la religion musulmane, comme catholique, une femme ne peut être imam ou prêtre

Il y a sans doute plus de nuance dans l’hindouisme qui reconnait l’amour réciproque, même comme un devoir, mais la femme demeure inférieure. Son mariage donne lieu à une dot

Pendant les guerres, la polygamie a été instaurée comme une protection des femmes, mais elle est demeurée par la suite.

A l’époque où ont été écrites les prescriptions sur le voile, au Moyen Orient, seules les prostituées découvraient leurs cheveux.

Transmission du judaïsme par la mère trouve son origine dans une époque où les pères absents, seules les femmes transmettaient la religion, les prières, les gestes traditionnels, la morale etc…

Traditions locales et d’époques qui sont devenues lois

Anne  

 

 

 " Les femmes et le Pouvoir " May BEARD 

Dans ce manifeste l'autrice pose la question de la place des femmes dans les structures du pouvoir ; si cette question est d'une actualité quotidienne elle tend à rappeler que la misogynie a des racines anciennes 

Mary Beard rappelle que notre culture occidentale doit beaucoup aux grands textes de l'Antiquité et que depuis  l'Odyssée d'Homère et le passage où Télémaque demande à sa mère Pénélope" de se taire, et de retourner à ses travaux, sa toile et sa quenouille ,la parole publique étant une affaire d'hommes," jusqu'à notre monde politique actuel exhibant les caricatures d'Angela Merkel ou d'Hillary Clinton sous les traits de Méduse, la voix publique des Femmes a rencontré de très grands obstacles pour être entendue

Mary BEARD rappelle qu'une femme qui exprime sa colère est facilement traitée de harpie ou de furie et qu'elle a alors très peu de chances d'être prise au sérieux ; et enfin en évoquant le moment historique ouvert par le mouvement " Me Too", elle souligne que " lorsque des femmes parviennent à exprimer une colère légitime, la Révolution n'est pas loin !"

Christiane  

 

 

Prochaines rencontres :

Lundi 19 Avril : "autour de Maylis de Kerangal"

Lundi 17 Mai : "autour des auteures italiennes"