Nous avions choisi pour cette lecture, des ouvrages Milan Kundera
Plusieurs d'entre nous ont fait un même choix ce qui a permis des regards différents et un échange riche
Milan KUNDERA
Né en 1929 à Brno en Tchécoslovaquie - Décédé le 11/07/2023 à Paris 7ème à l'âge de 94 ans.
Il a obtenu une vingtaine de prix. D'idéologie communiste jusqu'en 1970. Exilé en France en 1975 et naturalisé français en 1981. Son œuvre a été traduite en 40 langues. Son père, musicologue et pianiste influence son écriture. Il entre au catalogue de la bibliothèque de la Pléiade en 2011.
"La lenteur"
C’est
son premier roman écrit en français (en 1993).
Il y fait l’éloge de la lenteur et du secret en racontant deux rencontres amoureuses : celle narrée à la première personne dans une nouvelle de Vivant Denon (parue en 1777), et celle dont il est le narrateur.
Il passe d’un registre à un autre : émotion, humour, poésie, surnaturel.
Emotion quand un savant tchèque prend la parole lors d’un séminaire, alors qu’il a perdu son poste d’universitaire lors des évènements du printemps de Prague et qu’il n’a pas pu faire de recherches pendant 20 ans (même durée que pour l’interdiction des œuvres de Kundera dans son pays)
Humour quand il fait la critique des intellectuels français de gauche
Surnaturel quand le jeune homme du XXème siècle rencontre celui du XVIIIème.
Constance
Mon choix s 'est porté sur un des écrits de la Trilogie écrite en français : "L'ignorance".
Ce texte concis entrecroise des registres différents appartenant au récit, à l’essai mêlant références historiques et culturelles.
Irène, un des deux personnages principaux relie l'ignorance à la jeunesse. Le thème de cette œuvre est pourtant l’émigration.
Irène
et Martin, épousé, avec l 'accord très persuasif de sa mère, s’exilent à
Paris pour fuir la dictature du communisme. Josef, lui, a quitté Prague pour le
Danemark, quand sa mère est morte .La vie hors de leur patrie leur réserve des
moments heureux, mais la nostalgie reste présente.
Quand Irène ,veuve ,revient à Prague , par hasard dans le même avion que
Josef ,l'attente est immense . Ce Grand Retour les confronte chacun de
leur côté aux souvenirs, à la famille, aux amies. Ils ignoraient jusqu'alors qu'ils
ont été jugés, enviés parfois puis oubliés, dans ce pays sorti du communisme où
l’on vit bien.
Irène, perçue comme une femme manipulée reçoit un dernier coup du destin de la part de Josef.
Monique
Un roman publié en français en 2000. Qui nous parle de la nostalgie de l'immigré loin de sa patrie mais aussi de sa difficulté à retourner dans son pays.
Christine
« Risibles amours »
7 nouvelles écrites en Bohême entre 1959 et 1968, qui explorent les mécanismes de la relation amoureuse.
Cynisme, ridicule, malentendus, président ces nouvelles.
Quelques constantes :
Les personnages jouent un jeu qui les entraine le plus souvent dans un engrenage infernal.
La femme est pour le moins objétisée, objet de désir, de convoitise, de plaisir
Le début de chaque nouvelle est le plus souvent léger et humoristique puis se dirige vers une fin souvent tragique.
Écrites du temps de sa vie en Tchécoslovaquie, le contexte politique est peu évoqué dans ces nouvelles, si ce n’est dans « Édouard et Dieu ».
Anne
"La valse aux adieux" :
Ce livre se lit facilement et il y a du suspens !
Sous une apparente légèreté comique, nous sommes confrontés à la noirceur du
régime communiste tchèque en particulier et à celle de l’humanité en général.
Hélène
Il s'agit du dernier roman écrit par Kundera en Tchécoslovaquie en 1970 dans un pays soviétisé qui voit la fin de la liberté d'expression et des médias en particulier.
Kundera s'exile en France en 1975 et son roman paraîtra en France en 1976, roman qui peut être une critique ironique et discrète de son pays.
Le roman est très structuré et se déroule dans une "ville d'eaux " aux charmes surannés dans une vallée (?) enclavée où l'on soigne la stérilité féminine ; presqu'unité de temps ( 5 jours ) et unité de lieu (la Clinique)
Huit personnages évoluant dans le mensonge, l'amour, les non-dits, la dissimulation ; personnages enfermés et décrits avec les thèmes chers à l'auteur : la culpabilité, l'impermanence, l'opposition individu - groupe, le désir d'action, de mouvement versus inhibition et immobilisme; on retrouve aussi le thème de la filiation ,grotesque ( gynécologue ) touchante (désir d'être "adopté")) ambigue (protection d'une jeune fille ) Dans ce lieu essentiellement "habité "par des femmes, opposition de la vision masculine et féminine de l'existence en général. La promesse d'une naissance est promesse de vie pour la belle infirmière et menace de "mort" pour le célèbre musicien.
Ces personnages ont presque tous tenté de rompre avec leur vie antérieure qu'elle ait été politique, artistique, adultérine, solitaire voire désespérée ils souhaitent tous "autre chose "
La fin tragique nous révèle cette incapacité à agir : comme écrasés par une chape de plomb les personnages trouvent des solutions individuelles, voire renoncent.
Christiane
« Le livre du rire et de l'oubli »
Pour ma part, ce livre n'est pas un roman mais plutôt 7 nouvelles dont les points communs nous parlent de la mémoire, de l'oubli, de la tragédie et la mort, du communisme, de l'exil, du sexe et bien évidemment de la Tchécoslovaquie et de sa capitale.
Je crois que le sens comique m'a échappé et, pour tout dire, je n'ai pas aimé cette lecture ; cependant, mon peu d'enthousiasme a tout de même déclenché l'envie de le consulter de certaines meli-mélottes. Vous pourrez donc le retrouver à la bibliothèque Elsa Triolet dès sa réouverture.
Cécile
Prochain groupe lundi 20 novembre à 19h.
À la maison de quartier du Petit Pantin
thème : la mer
18 Décembre : "un livre qui nous a fait rire"