Le 12 Mai, Annette nous a emmenés à la
Découverte de la Butte aux cailles
La manufacture des Gobelins
Au XIVè siècle le teinturier Johan Gobelin quitte Reims pour Paris où il installe son atelier de teinture au bord de la Bièvre, un affluent de la Seine. Sa maîtrise du rouge écarlate fabriqué à partie d’un parasite du chêne fera sa fortune et sa réputation. Henri IV (1553-1610) puis Colbert (1615-1683) ministre des finances de Louis XIV favoriseront le développement de l’entreprise Gobelins, devenue une manufacture nationale dont les tapisseries ornent des édifices publics.
La façade de la Manufacture a été repensée au XIXè siècle par Jean Camille Formigé. Elle est ornée en médaillon des différentes étapes de la réalisation d’une tapisserie, de cariatides et au fronton du Triomphe de l’art de Paul Landowski.
La rue Croulebarbe
La rue Croulebarbe porte le nom d’un ancien moulin sur la Bièvre qui a donné son nom au quartier. La tour Croulebarbe ou Albert, du nom de son architecte, réalisée en 1958-60, fut la première tour de logements à Paris : 67 mètres de haut, 23 étages et une structure tubulaire visible en façade.
Le Mobilier national
Face à la tour Croulebarbe, le bâtiment du Mobilier national est l’une des réalisations parisiennes d’Auguste Perret, pionnier du béton armé. Edifié en 1936 dans l’ancien jardin de la Manufacture des Gobelins ce très sobre édifice est le successeur du garde-meubles de la Couronne créé en 1663 par Louis XIV et Colbert. Aujourd’hui, ce service rattaché au ministère de la Culture et dont dépend la Manufacture des Gobelins est chargé de l’ameublement des palais officiels de la République ((Elysée, ministères…)
Square René Le Gall
Le square a été aménagé en 1938 sur l’ancien lit de la Bièvre. Il couvre les 3,4 hectares auparavant occupés par des potagers mis à disposition du personnel de la manufacture. Il a été conçu dans un style évoquant l’époque de la Renaissance : gloriettes, obélisques, figures en relief composées de coquillages et de galets à la manière d’Arcimboldo.
La butte aux Cailles
Cette colline culminant à 64 mètres doit son nom à la famille Caille, Pierre Caille y ayant fait sa première acquisition en 1543. Isolée entre la Bièvre et le mur des fermiers généraux, c’était un terrain totalement désolé appartenant à la commune de Gentilly jusqu’à son annexion par Paris en 1860.
L’annexion de 1860
Depuis 1795 la ville de Paris était divisée en douze arrondissements, neuf sur la rive droite et trois sur la rive gauche. Paris était séparé des villages périphériques par le mur des fermiers généraux édifié juste avant la Révolution pour faciliter la perception de l’octroi sur les marchandises. De telle sorte que de nombreux commerces, de boisson notamment, s’étaient développés « hors les murs » et que les parisiens avaient pris l’habitude d’aller s’y distraire.
Ces communes étaient elles-mêmes entourées, protégées par une enceinte de défense : les fortifications dites « de Thiers » achevées en 1845.
En 1860 le Préfet de la Seine, Hausmann, mit fin à cette situation en annexant à Paris l’espace compris entre ces deux murs. La superficie de la capitale fut alors plus que doublée et atteignit 7 090 hectares, sa population 1 700 000 habitants.
Quatre villages ont été absorbés entièrement (Grenelle, Vaugirard, Belleville et La Villette) et sept autres, dont Gentilly, ont vu leur territoire partagé entre Paris et une commune de la périphérie située au-delà de l’enceinte de Thiers. Huit autres encore ont continué d’exister en tant que communes bien qu’amputées d’une partie de leur territoire.
Souvenir de la Commune de Paris
La bataille de la Butte-aux-Cailles eut lieu les 24 et 25 mai 1871 dans le quartier parisien homonyme. Le général fédéré Walery Wroblewski y résista victorieusement à l'avancée versaillaise. Il fut finalement contraint à la retraite par l'effondrement du front fédéré au Panthéon et sur les forts parisiens du sud.
La bataille de la Butte-aux-Cailles permet aux Versaillais de s'emparer de toute la rive gauche de la Seine. Les Fédérés sont obligés de se replier sur les quartiers est de Paris où auront lieu les derniers combats du 26 au 28 mai 1871.
Chaque année l'association des amis de la Commune de Paris commémore sur la Butte-aux-Cailles les évènements de ces deux jours-là. En 1999, la place de la Commune-de-Paris est nommée en souvenir de la bataille à l'angle de la rue de la Butte-aux-Cailles et de la rue Buot
Jardin Brassaï
Ce jardin rend hommage au photographe et sculpteur d’origine hungaro-roumaine Gyula Halasz dit Brassaï (1899-1984). Sa forte pente lui donne un aspect inattendu. Elle ne vient pas de la volonté du paysagiste, mais de la nature du terrain. On y exploitait autrefois de l’argile qui servait à la fabrication de tuiles et de briques. Les cicatrices laissées par ces anciennes carrières d’argile, qui ont interdit les grandes constructions, ont préservé le charme du quartier avec des maisons basses et une ambiance villageoise.
Place Paul Verlaine
Elle est située au carrefour des rues Bobillot, du Moulin des Prés et de la Butte aux Cailles.
Une stèle rappelle que le 21 novembre 1783, la montgolfière partie 25 minutes plus tôt de La Muette se posait près d’ici entre le Moulin Vieux et le Moulin des merveilles avec à son bord Pilâtre de Rosier et le marquis d’Arlandes. Ce fut le premier vol humain en ballon libre sur 9 km au gré du vent.
Avant 1905, la place était appelée Place du Puits-Artésien. Ce puits dont le forage commença en 1866 avait été préconisé par Etienne Arago, frère du savant François Arago, pour réinjecter du courant dans la Bièvre qui commençait à s’envaser et aussi à alimenter en eau le quartier. Après 6 ans d’efforts infructueux, le chantier fut interrompu puis repris en 1893 et en 1903 l’eau jaillissait enfin à 28° et venant de 582 mètres de profondeur.
Cette eau fut ensuite affectée à la piscine construite en 1924 de l’autre côté de la place, l’une des premières de Paris.
Un nouveau forage a été effectué en 1999 et une fontaine publique installée.
Villa Daviel et cité Daviel ou Petite Alsace
La Villa Daviel est une rue en impasse bordée de pavillons très recherchés.
En face, la cité Daviel, plus modeste, a été édifiée par l’architecte Jean Walter et de l’abbé Jean Viollet qui crée la société d’HBM l’Habitation Familiale. Engagée en 1912, achevée l’année suivante, elle offre 40 logements individuels de style anglo-normand ou alsacien, selon l’interprétation, formant cloître plus que clos, avec cours intérieure et jardinets extérieurs. L’ensemble connu sous le nom de Petite Alsace, a été récemment réhabilité et est aujourd’hui propriété de l’Immobilière du Moulin Vert, entreprise sociale pour l’habitat, héritière de la SA d’HBM du Moulin-Vert fondée par l’abbé Viollet.
Cité florale
Crée en 1928 après le comblement d’un ancien étang, la Cité Florale doit son nom à ses rues qui portent toutes des noms de fleurs, telles que la rue des Iris, la rue des Glycines ou encore la rue des Orchidées. Cette harmonie florale est renforcée par la présence de petits jardins privatifs, offrant ainsi un cadre de vie verdoyant et apaisant pour les habitants. La Cité Florale est caractérisée par son style architectural Art Déco et Art Nouveau, avec des façades ornées de motifs floraux et de sculptures en relief. Les bâtiments sont construits en briques rouges, ce qui leur donne un aspect chaleureux et accueillant.
Parc Montsouris
Le parc Montsouris (1878. Ingénieur Alphand, jardinier Barillet Deschamps) aménagé sur le site d’une ancienne carrière, est un parc typiquement haussmannien : important dénivelé, lac artificiel, cascade, pavillons, kiosque à musique, nombreuses sculptures et restaurant du pavillon du Lac : une nature repensée et apprivoisée.
A la recherche de Miss. Tic
Pochoirs de grandes silhouettes brunes, slogans poétiques et percutants… Depuis les années 80, les œuvres de Radhia Novat, dite Miss Tic, s'observent au détour d'une rue ou d'un mur de la capitale. Un style inimitable, qui témoigne de la présence parisienne de l'artiste, disparue en mai 2022.
Miss Tic est née dans les rues de Paris, sur les hauteurs de la Butte Montmartre (18e). Le 20 février 1956, la petite fille aux origines tunisiennes et normandes est prénommée Radhia Novat. Son enfance est marquée par deux événements tragiques : un accident de voiture, qui tue sa mère, son frère et sa grand-mère en 1966 alors qu’elle n'a que 10 ans, et la mort de son père, décédé d’une crise cardiaque, qui laissent l'artiste orpheline à l'âge de 16 ans.
Son attachement à l’art lui vient de sa famille maternelle, et d’un souvenir de jeunesse qu’elle chérit particulièrement : sa mère l’emmène boulevard Rochechouart (18e) et lui offre son premier livre, « Paroles » de Jacques Prévert. L’édition, illustrée d’une œuvre de l’artiste Brassaï, lui plait immédiatement.
Des années plus tard, la jeune artiste ne cesse de mêler ces deux disciplines, inscrivant sur la pierre l'art et la poésie. Sa griffe artistique se révèle lors de ses études de graphisme et de ses premiers jobs, dans les décors de théâtre. Miss Tic se prête au jeu de la comédie : elle intègre la compagnie de théâtre de rue « Zéro de conduite » pendant quelques années.
Après un séjour de quelques années aux USA, Miss Tic retrouve la capitale, qui l’a vu grandir, en 1985. L’artiste se remet difficilement d’une déception amoureuse. Nourrie de sa découverte du milieu urbain américain, Miss Tic revient en terre parisienne avec de nouvelles aspirations.
Finalement, et comme pour faire taire l'ancien amant qui lui avait dit ne « plus vouloir la voir en peinture », la peintre rebelle se met à créer des pochoirs à son effigie. Ses autoportraits prennent rapidement place dans les rues de Paris, accompagnés de légendes aussi provocantes que drôles.
Son nom fleurit rapidement dans tout Paris. Un pseudonyme qu’elle emprunte au journal de Mickey, et à la fameuse sorcière Miss Tick qui tente par tous les moyens de voler l’or de l’oncle Picsou. De la sorcière, la parisienne en garde l’allure et le charme, mais Miss Tic, sans le « k », représente bien plus qu’un personnage de bande-dessinée.
En taguant sa signature à la bombe aérosol noire, l’artiste affirme sa différence : dans le milieu masculin de l’art urbain, la « Miss » s’est fait une place. Fidèle à son habilité de manier la langue, Radhia Novat protège aussi son identité en s'en choisissant une plus… mystique.
Dans les années 80, en pleine ébullition de l’art urbain, Miss Tic fait de la Butte aux Cailles (13e) son terrain de jeux. Mais la street-artiste ne se contente pas seulement de l’extérieur, et ses œuvres envahissent aussi l’intérieur. Elle expose pour la première fois en 1986 à la galerie du Jour d’Agnès b, dans le 13ème arrondissement.
Appréciées par les habitants du quartier, les œuvres de Miss Tic n’en restent pas moins illégales aux yeux de la loi. En plaisantant, la parisienne affirme tout haut que la justice est la seule à connaître sa véritable identité, qu’elle est obligée de décliner lors de ses nombreuses gardes à vue.
En 1997, l’artiste paye le prix fort en écopant d'une amende de 22 000 francs pour vandalisme. Elle est même prise en flagrant délit lorsqu'elle tague son œuvre « Égérie et j’ai pleuré » sur un mur du Marais. Cette histoire lui sert de leçon, et la street-artiste change de technique en demandant désormais l’autorisation préalable des propriétaires et des municipalités avant de taguer.
Les années 2000/2010 amènent Miss Tic en haut du podium, et l’artiste découvre d’autres genres artistiques avec des collaborations dans le milieu de la mode. Ses pochoirs se retrouvent sur des tee-shirts et des cartons d’invitations, pour des grands noms comme Vuitton ou Kenzo.
Elle franchit les frontières du 7e art en 2007, lorsque le réalisateur Claude Chabrol lui demande de réaliser l’affiche de son futur film, « La fille coupée en deux ».
Quatre ans plus tard, en 2011, Miss Tic est sollicitée par La Poste pour réaliser douze timbres collectors, publiés à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars.
Atteinte d’un cancer, Miss Tic est décédée le 22 mai 2022, à 66 ans, laissant derrière elle de nombreuses traces de son passage dans Paris. Dans le 5e arrondissement, la question se pose à présent de lui rendre hommage : une place, située non loin de la rue Buffon (l'artiste a vécu au numéro 71), devrait prendre son nom.
L'art urbain fleurit dans le 13ème