Les auteurs canadiens
Christine :
"Taqawan" Éric PLAMANDON
« Ici, on a tous du sang indien et quand ce n’est pas dans les veines, c’est sur les mains. »
Le
11 juin 1981, trois cents policiers de la sûreté du Québec débarquent
sur la réserve de Restigouche pour s’emparer des filets des Indiens
mi'gmaq. Émeutes, répression et crise d’ampleur : le pays découvre son
angle mort.
Une adolescente en révolte disparaît, un agent de la
faune démissionne, un vieil Indien sort du bois et une jeune enseignante
française découvre l’immensité d’un territoire et toutes ses
contradictions. Comme le saumon devenu Taqawan remonte la rivière vers
son origine, il faut aller à la source…
Histoire de luttes et de
pêche, d’amour tout autant que de meurtres et de rêves brisés, Taqawan
se nourrit de légendes comme de réalités, du passé et du présent, celui
notamment d’un peuple millénaire bafoué dans ses droits.
Christiane : "Le dernier homme" Margaret ATWOOD
Un monde, le nôtre, dans un futur pas si lointain... Un monde dévasté à la suite d'une catastrophe écologique sans précédent, où se combinent des conditions climatiques aberrantes, des manipulations génétiques délirantes et un virus foudroyant prompt à détruire l'ensemble de l'humanité. Esseulé au cœur de cet enfer aseptisé et visionnaire, digne de 1984 et d’Orange mécanique, un homme, Snowman, est confronté à d'étranges créatures génétiquement modifiées, les Crakers, une nouvelle race d' « humains » programmés pour n'être sujets ni à la violence, ni au désir sexuel, ni au fanatisme religieux. Tel un Robinson futuriste, il doit lutter pour sa survie et celle de son espèce. Au risque d’y perdre son âme...
Anne : "la bête à sa mère" David GOUDREAULT
Ma mère se suicidait souvent.
Ainsi commence la confession d'un jeune adulte qui ne se remet pas de la séparation d'avec sa mère, survenue en bas âge. Ses propos vibrent d'une rage contre ceux qui la lui ont arrachée. Sa mère, devient sa véritable obsession, il pense l'avoir enfin localisée à Sherbrooke. Mais saura-t-il se faire accepter par celle qu’il a tant idéalisée ?
D'où vient que le récit de cet homme manipulateur, sans pitié, accro aux jeux et à la pornographie, touche profondément le lecteur ? David Goudreault, grâce à son écriture inventive et colorée d’un humour mordant, sait partager l'empathie poétique qu'il a pour son protagoniste. On s’émeut des observations et pensées bancales du marginal, on rit de ses références littéraires approximatives lorsqu’il cite à tour de bras Platon, Shakespeare ou Coluche.
Ce magnifique premier roman révèle un monde dur, qui abandonne à lui-même un jeune homme avec lequel il n’a jamais su communiquer. Un anti-héros dont la bruyante solitude nous bouleverse.
« Il me fallait de l’argent. Pour mon automédication et pour acheter des fleurs à ma mère. On ne se pointe pas chez les gens les mains vides. Il faut des fleurs ou une arme, c’est documenté. »
Monique : "l"homme rapaillé" Gaston MIRON
« Toute vie est bien entendu un processus de démolition. » Gaston Miron (1928-1996) se reconnaissait dans cette phrase de F. Scott Fitzgerald alors même qu'il s'acharnait à écrire, au milieu de mille tourments, de mille contradictions et incertitudes, ce qui allait devenir le recueil de poèmes le plus célèbre du Québec : L'homme rapaillé. Voilà bien en effet un livre bâti avec l'énergie du désespoir, avec ce mélange de courage et d'angoisse qui est la marque propre de Miron, sa voix blessée et fière, « partageuse » et pourtant unique. Qu'il parle de son pays, le Québec, des luttes sociales, de l'amour violemment présent ou évanoui, de l'histoire, des turbulences du monde, c'est le timbre, le souffle puissant d'un poète tout entier en quête de son rythme et qui s'avance sans retenue ni prudence : « J'ai fait de plus loin que moi un voyage abracadabrant. » Miron ou le chant général d'un homme démuni. Miron ou le combat d'une langue agressée qui finit par forger une rumeur planétaire. Miron le poète épique qui procède par désastres et sursauts. Avec lui, l'espace américain devient une étendue fracturée, l'extase de l'infini comme une petite mort, et le rêve de conquête une ombre éphémère.
Monique nous a aussi lu un poème du recueil "mes forêts" de Hélène DORION
L'arbre
Le mur de bois
s'est fissuré
une pluie
de longues tiges
inquiète nos pas
tombe comme on tombe
parfois dans sa propre vie
J'écoute cette partition
du temps
je déchiffre enfin
le désordre des branches
les forêts hurlent
entre racines et nuages
Prochains échanges :
17 mars : les sorcières
28 avril : la musique
de 19h à 20h30 à la Maison de Quartier du Petit Pantin