Le 4 mai, chez Monique, autour de Lorca
Federico García Lorca de son nom complet Federico del Sagrado Corazón de Jesús García Lorca nait en 1898 dans un hameau de la province de Grenade nommé Fuente Vaqueros.
Il meurt à 38 ans en 1936, assassiné par les miliciens franquistes, dans la province de Grenade. Aîné d’une fratrie de 5 enfants, il vit dans la propriété agricole de son père.
Sa mère est institutrice. C’est une famille aisée où poésie, art musique sont courants. Un frère, al la fois poète et musicien sera diplomate ; une sœur deviendra professeur d’université et écrivaine. Il passe sa jeunesse entouré de la nature où chaque élément a sa personnalité propre (animisme). Ce sera une constante de son œuvre. Il parcourt les terres à cheval. Bon cavalier, , très vite cette aisance lui fera honte. Il se considère comme un gosse de riches, « un petit monsieur impérieux ». Il prend pleinement conscience de l’injustice sociale. L’Andalousie est la région la plus pauvre de l’Espagne, (immigration des paysans qui n’ont pas de terre réservées aux taureaux de lidia pour la tauromachie) et travaillent comme des serfs sur les terres du seigneur.
De santé fragile, Lorca est le
chouchou des nombreuses femmes de la maison : mère, sœurs, cousines,
tantes, qui le gâtent, cousent les vêtements de son théâtre de marionnettes,
lui apprennent le solfège, la guitare, lisent les poètes, dont V. Hugo, la
culture orale espagnole, les berceuses (nanas), les romances,(chants
traditionnels.
Avec beaucoup d’humour, il invente des saynètes, des messes, des sermons
que toute la famille interprète. Sa mère comprend très tôt qu’il a l’étoffe
d’un dramaturge avec des dons pour la musique, le dessin.
Il commence ses études secondaires
et loge chez celui qui a été son instituteur. Le séjour est très bref, il tombe
malade au point de frôler la mort. La famille déménage à Grenade où il fait ses
études secondaires et obtient son bac à 16 ans.
A l’université de Grenade, il suit, pour faire plaisir à son père les cours de
lettre, philo et droit.
Toujours attiré par la musique qui lui a été enseignée par un disciple de
Verdi, il crée, à l’université, un groupe : « Riconcillo » qui
se produit avec ses compositions, ses improvisations.
C’est à Grenade qu’il fait la connaissance de Manuel de Falla. Tous deux organisent
le premier concours de Cante Jondo (chant andalou, venant de la gorge, qui
rythme le flamenco).
Désireux de connaître le succès, il part à Madrid et s’installe à la résidence des étudiants, foyer de célébrités tant musiciennes, poètes qu’écrivains. Il y rencontre :
Buñel (le grand fou)
Dali (qui peint et ?en oubliant de se nourrir
Rafaël Alberti (poète qui peint)
Ignacio Sanchez Mejías (torero célèbre, puis poète)
Les écrivains de la génération de 1898, année de la perte des colonies espagnoles, sont les écrivains reconnus : Valle-Inclán, Machado (poète de la terre), Unamuno poète romancier.
Après un voyage avec ses amis, il écrit « impressions et paysages » les traditions, la nature, ce qu’il aime.
Il devient ami avec P. Neruda.
Le Directeur d’un petit théâtre de Madrid lui demande d’écrire une pièce. « Le maléfice du papillon » – 1919 qui relate les amours contrariés d’un cafard et d’un papillon. Seulement 4 représentations. Ridiculisé, il se remet en cause. Ce n’est qu’en 1927 qu’il connait un succès énorme avec la pièce « Mariana Pineda » drame patriotique ; une femme andalouse.
Dali fait les décors. La maitresse de Sancho Mejías interprète M. Pineda. La même année, il publie le plus connu de ses poèmes « el Romancero Gitano ».
… _Soledad : lave ton corps
avec de l'eau d'alouette,
et laisse ton coeur
au calme, Soledad Montoya.
Au-dessous de la rivière chante:
flyer du ciel et des feuilles.
Avec des fleurs de citrouille
la nouvelle lumière est couronnée.
Oh honte aux gitans!
Pénalité propre et toujours seul.
Oh, chagrin caché de la rivière
et l'aube lointaine!
Très perturbé, dépressif aussi à cause de son homosexualité qu’il cache. Il est très proche de Buñuel et Dalí qui écrivent ave lui « le chien andalou ». Il interprète cette œuvre cinématographique comme une attaque contre son homosexualité. Gala, femme d’Eluard et maitresse de Max Ernst, fait la connaissance de Dalí en 1929. Éperdument, amoureux, il l’épouse. Lorca s’effondre, Dalí était l’homme de sa vie. Sa famille le pousse à accompagner un ami diplomate aux Etats-Unis. Il vient d’avoir 31 ans.
Passant par Paris, l’Angleterre, il part pour New-York. Arrivé à Harlem, il en aime le jazz, mais pas la ville qu’il trouve sale, bruyante mécanisée. Ses promenades se font la nuit.
De retour en 1930 à la chute de Bremo de Rivera remplacé par la Seconde République, on lui offre la direction du théâtre étudiant.
Avec une troupe itinérante « la Barraca », il sillonne l’Espagne et présente aux provinces rurales le théâtre classique espagnol en toute gratuité.
Lope de Vega
Calderón de la barca
Tirso de Molena
Cervantes
Il écrit aussi la trilogie « Bodas de sangre »
Yerma (féminin de yermo terrain stérile)
La casa de Bernarda Alba
Qui met en lumière le sort des femmes, la lourdeur des traditions et de l’église
1933/1934 Après un succès énorme, il part avec la troupe pour une tournée en Amérique Latine. Il devient célèbre. Il salue la victoire du Front Populaire et se montre réellement antifasciste. Voulant se rapprocher de sa famille, il quitte Madrid et revient à Grenade, la ville la plus conservatrice de l’Andalousie.
Il arrive au moment où éclate un soulèvement franquiste, il demande alors la protection de son ami poète Luis Rosales, phalangiste, mais fidèle à son amitié.
Il est arrêté le 16 août 1936.
Fusillé le 19 près de la « fontaine aux larmes » il est jeté dans la fosse commune avec les anarchistes. On ne retrouvera pas son corps, même si des fouilles sont entreprises en 2008.
Franco interdira toutes ses œuvres jusqu’en 1953. Ensuite les œuvres seront censurées
En 1956 : première statue en Uruguay
avec un hommage du poète Antonio Machado. Ce n’est qu’en 1975 après la chute du
dictateur qu’une statue sera érigée sur la petite place centrale de Santa Ana.
Ferré, Ferrat reprendront ses textes dans des chansons
Les œuvres les plus connues
Poésies : Poema del Cante Jondo 1921
Oda a Salvador Dalí 1926
Romancero gitano (publié en 1940)
Chant funèbre pour Ignacio Mejiás 1935
La complainte de la lune
La lune vint à la forge
Avec sa jupe de lavande.
L’enfant la regarde, la regarde.
L’enfant reste à la regarder.
Dans le vent attendri
La lune agite ses bras
Et montre, lubrique et pure,
Ses seins de dur étain.
Enfuis-toi, lune, lune, lune.
Si venaient les gitans,
Ils feraient avec ton cœur
Des colliers et des anneaux blancs.
Petit, laisse-moi danser.
Quand viendront les gitans,
Ils te trouveront sur l’enclume,
Tes petits yeux fermés.
Enfuis-toi, lune, lune, lune,
J’entends déjà leurs chevaux.
Petit, laisse-moi, ne foule pas
Ma blancheur amidonnée.
Le cavalier s’approchait
En battant le tambour de la plaine.
À l’intérieur de la forge, l’enfant
A les yeux fermés.
Parmi les oliviers venaient,
Bronze et rêve, les gitans.
Leurs têtes redressées
Et les yeux entrouverts.
Comme elle chante la chouette,
Ay, comme elle chante sur l’arbre !
Dans le ciel passe la lune
Tenant un enfant par la main.
À l’intérieur de la forge pleurent,
À grands cris, les gitans,
Le vent la veille, la veille.
La prose : 1915 « mi pueblo » (mon peuple) un écrit de jeunesse en autobus avec des amis, ode aux traditions de l’Espagne, paysages, musique, religion
Prose aux accents surréalistes entre burlesque et horreur
Théâtre : œuvres majeures :
Maria Pineda 1933, destin tragique d’une héroïne qui s’oppose à l’envahisseur
La zapatera prodigiosa 1926 (mégère apprivoisée)
La trilogie Bodas de sangre 1933
Yerma drame de la stérilité
La casa de Bernarda créée à Buenos Aires en 1935
Toutes ces pièces sont empreintes de passion, de fatalité avec l’importance du poids du passé
- Le gitan y est un personnage récurrent
- Le statut des femmes et leur enfermement y e st dénoncé par Lorca
Musique : chants maures
Nanas (berceuses)
Chants pour guitares (Paco de Lucía)
Essais et conférences