Les femmes
Christine nous a présenté
« Une vie bouleversée » Etty Hillesum, dont voici la 4ème de couverture :
De
1941 à 1943, à Amsterdam, une jeune femme juive de vingt-sept ans
tient un journal. Le résultat : un document extraordinaire, tant par
la qualité littéraire que par la foi qui en émane. Une foi
indéfectible en l'homme alors qu'il accomplit ses plus noirs
méfaits. Car si ces années de guerre voient l'extermination des
Juifs en Europe, elles sont pour Etty des années de développement
personnel et de libération spirituelle. Celle qui note, en 1942.
Je sais déjà tout. Et pourtant je considère cette vie belle et
riche de sens. A chaque instant., trouve sa morale propre et
la justification de son existence dans l'affirmation d'un altruisme
absolu.
Partie
le 7 septembre 1943 du camp de transit de Westerbork, d'où elle
envoie d'admirables lettres à ses amis, Etty Hillesum meurt à
Auschwitz le 30 novembre de la même année.
« Une femme » Annie Ernaux
L'
auteur raconte la vie de sa mère née dans une famille pauvre et qui
a quitté l'école à 12 ans.
Son
ambition : tenir un commerce et surtout la réussite sociale de sa
fille qui passe par la réussite scolaire.
C'est
une description sociologique d'un milieu ,d'une époque avec les mots
de sa mère ("Tu me donneras tes affaires à laver").
C'est
un livre qui nous parle.
Hélène
« Compartiment pour dames », roman de Anita Nair, indienne de Bangalore , intitulé, a pour personnages principaux, six femmes d'âges différents.
Akhita a quarante ans ; employée aux impôts, elle vit chez sa sœur, mariée et mère .Son quotidien est terne, répétitif, ses amours sont des échecs. Sur un coup de tête elle décide de prendre le large pour réfléchir à son avenir et plus particulièrement trouver la réponse à la question "ai je besoin d' un homme pour être heureuse ?"
Dans le train elle va partager avec cinq femmes un compartiment qui leur est réservé. Celles- ci vont se livrer, parler de leur vie, de leurs espoirs parfois déçus, de leurs relations aux hommes.
De ces confidences elle tirera profit pour reprendre le cours de sa vie.
L’auteur nous emmène dans cette Inde si fascinante pour nous , où les coutumes et les traditions sont encore si pesantes, surtout pour les femmes. Elle célèbre la beauté de la nature, les odeurs, les saveurs étonnantes, gênantes aussi.
Si ces femmes vivent à mille lieues de nous, dans un environnement différent, on se rend compte que leurs désirs profonds, leurs besoins sont très semblables aux nôtres.....
Monique
« Féminisme et philosophie » Geneviève Fraisse
Chapitre 2 : corps collectif
Dans sa réflexion G. Fraisse nous parle d’émancipation, d’égalité, et de parité bien sûr, précisant que ce ne sont pas les lois qui font la pensée. Elle souligne qu’aujourd’hui, il ne faut plus perdre du temps à dénoncer la domination, il faut prôner l’émancipation. Arrivés à avoir presque tous les textes de loi législatif, il s’agit avec « me too » du corps collectif. Le corps fait l’objet d’une réappropriation par les femmes.
Dans notre société patriarcale, Le contrat sexuel est un contrat de propriété du corps de la femme. Il y a toujours un enjeu politique. Nos sociétés se fondent sur un non dit qui est la propriété du corps des femmes.
L’éducation n’est pas suffisante, il faut passer par l’analyse politique.
G. Fraisse évoque l’allégorie : de la vérité comme corps nu féminin, on dévoile la vérité. Pour défendre une idée, les femmes se mettent parfois nues.
Le féminisme ne doit pas être associé au puritanisme. Il y a compatibilité entre sexe, sexualité et féminisme. Et si à trop vouloir l’égalité on privilégie l’identité au détriment de l’altérité et l’amitié au détriment de l’amour.
Mais en 2 siècles, suppression du sexe et suppression de l’amour ; il ne faut pas opposer mais tenir ensemble l’érotisme et l’égalité.
Égalité ne veut pas dire confusion des genres contrairement à la crainte. La révolte individuelle croise toujours la révolte collective
Le féminisme doit se poser sur le plan politique, sur la démocratie, même si avec J.J. Rousseau sépare la sphère civile et la sphère privée La démocratie s’arrête alors à la porte du privé
Au XIX° siècle on sépare les lois et les mœurs
Loi les hommes
Mœurs les femmes
Dès que la femme quitte la sphère du privé elle risque alors de devenir marchandise.
« C’est seulement aujourd’hui que l’égalité a fini par pénétrer la sphère familiale, avec le partage de l’autorité parentale, l’égalité de la transmission du nom. Le combat juridique est passe d’être remporté … mais le droit ne se traduit pas automatiquement en faits. (…) La révolution me too, un évènement historique, a brutalement mis en lumière les violences faites au corps collectif »
Anne
Dominique Missika retrace la vie de Berty ALBRECHT née en 1893, résistante morte à la prison de Fresnes en 1943. Elle est tombée dans l'oubli alors que c'est une des six femmes Compagnons de la Libération. Femme fine et intelligente, courageuse, lutteuse, féministe dès son adolescence, surintendante d'usine toujours préoccupée par la condition faite aux travailleurs, militante active. Une vie intime très libre pour une femme de cette époque. Sa manière de pensée, sa formation dans le social et son esprit de solidarité ne pouvait que la préparer à une vie clandestine dans la résistance, une femme éprise de liberté, d'humanité et toujours en lutte contre toute forme d'oppression.
Claude
« Certaines n’avaient jamais vu la mer » de Julie Otsuka
Destins de japonaises du début du 20ème siècle et épisode méconnu de l'histoire américaine. Ces japonaises de milieux très pauvres sont vendues par leurs parents à des compatriotes japonais déjà installés aux USA. Voyage pénible au départ de ses femmes qui pensent découvrir un monde agréable et des maris beaux, ayant réussi socialement. Hélas, la vérité est tout autre, ces hommes sont de pauvres ouvriers exploités notamment dans des fermes. Elle découvre une vie de labeur et de semi-esclavagisme. Puis pendant la seconde guerre mondiale, les japonais étant du côté ennemi, ils sont tous rejetés socialement et internés par les autorités dans des camps sur le lac Salé. Roman d'une grande tristesse mais qui réhabilite un tant soit peu la mémoire de ces femmes.
Patrick
Titiou LECOQ : "Les Grandes Oubliées " Pourquoi l'Histoire a effacé les femmes
Préface de Michelle Perrot Publication en novembre 21 chez Iconoclaste
Titiou Lecoq est née en 1980 ; elle est essayiste, romancière, blogueuse.
"De tout temps les femmes ont agi, régné, écrit, milité, créé, combattu, crié parfois et pourtant elles sont la plupart, absentes des manuels d'histoire"
Ce livre se place du point de vue des femmes pour raconter l'Histoire de France contrairement au point de vue des manuels scolaires .Titiou Lecoq plaide pour l'enseignement d'une Histoire mixte d'une manière ludique ; livre très bien structuré en chapitres de la Préhistoire à ce jour dans les manuels d'Histoire par exemple on parle de 'Homme de la Préhistoire" car l'idée ,en général était que les femmes n'avaient pas tenu une place dans l'Histoire car elles étaient trop occupées par les tâches ménagères , alors qu'il faudrait inverser la cause de leur oubli dans l'Histoire ( Mythe de la Femme Empêchée)
Dans ce livre les Modèles féminins sont très différents de ceux offerts dans les manuels scolaires et dans la littérature jeunesse
A remarquer que l'intérêt et l'histoire de la Préhistoire a commencé au XIXème siècle ; or les hommes du 19ème siècle pensent que la place naturelle des femmes est à la maison et , donc , placent la Femme Préhistorique naturellement dans la grotte !
Suivent les périodes du Moyen Age (étendue sur près de 1000 ans) où les femmes étaient partout, du pouvoir royal aux fosses des chantiers : reines exerçant le pouvoir, bâtisseuses de cathédrales,j ongleresses, ménestrelles orfèvreresses...dans une société qui n'était pas basée sur la différenciation hommes /femmes mais sur la place sociale. Mais les femmes étaient exclues des professions qui supposaient des études universitaires
La Renaissance et la découverte de l'Imprimerie, supposée apporter la Connaissance et l'humanisme se révèle être une période de régression / droits des femmes, véritable climat de terreur vécu par les femmes surtout seules : c'est la chasse aux sorcières et la diffusion de publications traitant de la façon de se "débarrasser" des sorcières ( ex: 1487 Maleus Mallificarum ...mode d'emploi des différentes tortures !!)
A la Révolution, les femmes participent, elles sont soldates, cantinières et malgré leur implication vivent une période régressive alors que l'on acquiert de nouveaux droits ; l'égalité se fait au bénéfice des hommes plus que des femmes qui peu à peu sont exclues de certaines professions. Certaines vont réagir ...Olympe de Gouges par exemple
Les Guerres : on a souvent pensé que la 1ère guerre mondiale avait permis une libération des femmes quand elles ont remplacé les hommes. Mais désaccord chez certaines historiennes qui révèlent que les hommes rentrant du front ont voulu retrouver une virilité blessée et "la France d'avant" Existe aussi le besoin de repeupler la France, les femmes retrouvent leur fonction " d'utérus" et leur place à la maison. C'est la période la plus dure des lois sur l'avortement
Dans les années 30, campagne pour le droit de vote des femmes : Louise Weiss mène une campagne "d'ironie " pour convaincre les hommes machos et des actions "coups de poing "
Actuellement existence de courants masculinistes qui prennent de l'ampleur et qui sont basés sur des travaux scientifiques !
En conclusion : Rien n'est définitivement acquis, il faut lutter contre l'Oublioir (terme utilisé par Aimé Césaire pour les Noirs) L'Histoire des Femmes, ce n'est pas que l'Histoire des Femmes, c'est aussi celle des Hommes, ne pas l'oublier.
Christiane
Lundi 11 Avril nous nous retrouverons à la Maison de Quartier du Petit Pantin le thème sera :"le vent"
Lundi 23 Mai : "les auteurs espagnols"