MAYELIS DE KERANGAL née le 16/06/1967 à Toulon
Descendante de la noblesse de Bretagne
Le nom KERANGAL signifie en "gallo" la maison de celui qui parle Français
La mer joue un rôle important dans sa vie ; son père était pilote de navire et son grand père capitaine au long cours.
A obtenu de nombreux prix.
TANGENTE VERS L'EST
Une invitation, dans le Transsibérien, avec d'autres écrivains, lors de l'année France-Russie en juin 2010, lui a inspiré cet ouvrage. Le Transsibérien traverse toute la Russie (de Moscou à Vladivostock ou Moscou Baïkal lac très cher au coeur des russes, ce lac représente la plus grande réserve d'eau douce d'Europe) , puis se nomme le Transmongolien pour aller d'Oulan-Bator à Pékin.
L'histoire se déroule entièrement dans le train (wagons à 3 classes : cabines de luxe, compartimentés, et 3ème classe où s'entassent les voyageurs de tout bord ; odeurs de nourriture, transpiration, cris, pleurs, chahuts des enfants trop longtemps enfermés ; et parmi eux une centaine de soldats qui vont faire leur service militaire.
Aliocha est un conscrit de 20 ans qui refuse de servir et ne pense qu'à déserter. Il n'a pas pu se faire exempter avec les méthodes habituelles (argent pour soudoyer ou une jeune femme enceinte, utilisées par les fils de familles opulentes). Il a peur de la Sibérie, du bizutage par les soldats déjà en place qu'il considère très brutaux.
On est happé, dès le début du livre, par ce huis clos, dans une sorte de course monotone de ce train qui avance à 60km/h, par la description des paysages traversés d'Ouest en Est de la Russie, mais surtout par l'élaboration des plans d'Aliocha pour s'enfuir.
Entre en scène une voyageuse étrangère (une Française) Hélène 30/35 ans ; elle ne parle pas le russe.
Hélène fuit la Russie. Elle avait rencontré son amant russe (Anton) à Paris, ils sont très amoureux l'un de l'autre mais elle ne partage pas la passion de son amant pour son pays et pensait revenir en France après un court séjour entrepris pour le travail d'Anton.
Hélène et Aliocha font connaissance. Leur désarroi devant les circonstances actuelles de leur vie les lie, toutefois avec une certaine méfiance, tout au moins au début de leur rencontre. Hélène va se lasser de lui venir en aide, elle en a un peu honte car elle sent bien que pour Aliocha s'échapper du train et de son régiment est une question de survie.
Regard de Cécile
DANS LES RAPIDES
3 adolescentes en quête d’identification. Elles sont amatrices de rock et vont trouver leur modèle en la personne d’une chanteuse de rock Blonde très féminine et tout à fait libre, les poings sur les hanches, sûre d’elle sur la pochette du disque à l’allure bien trempée et féministe. . Elles écoutent sa musique en boucle. Elles rêvent de partir à New York et font des plans. Union parfaite entre ces 3 là jusqu’à ce que …
Une écriture foisonnante qui donne le tournis et qui rend bien compte de cette adolescence éruptive.
Contraste entre la ville terne et grise, reconstruite « au carré » et ces jeunes filles pleines de vie, de joie, de spontanéité, soudées jusque dans l’aviron.
Anne
CORNICHE KENNEDY a été publié en 2008, puis adapté au cinéma en 2016.
Le roman se passe à Marseille sur la corniche Kennedy où tous les soirs se retrouve un groupe d’adolescents de 13 à 17 ans. Les jeunes plongent depuis 3 promontoires de plus en plus hauts. Avec Eddy à la tête du groupe, la sécurité et la bonne entente règnent. Un jour, Suzanne, une jeune fille de milieu aisé apparait, elle réussit à s’intégrer au groupe.
Le maire de Marseille décide de lutter contre ces jeunes de la corniche et c’est Sylvestre Opéra, un policier qui se retrouve chargé de lutter contre ces jeunes de la corniche. Les forces de l’ordre emploient de plus en plus de moyens pour arrêter ces adolescents sous prétexte de désordre à l’ordre public. Les jeunes s’amusent à les provoquer et une nuit, Suzanne et Eddy trouvent un paquet de drogue tombé d’un bateau que les forces de l’ordre n’ont pas réussi à intercepter.
Livre très frais : on plonge du haut des promontoires avec eux et c’est bien agréable.
Martine L
UN MONDE A PORTÉE DE MAIN
Paula, jeune étudiante en peinture de décor fait son apprentissage dans une école où elle y acquiert toutes les techniques indispensables avec une rigueur implacable. Elle y fait connaissance de Jonas, jeune garçon également très doué, avec qui elle partagera un logement pendant cette année de labeur de galérien, qui l'épuisera mais l'amènera à maîtriser avec brio sa technique de peintre de trompe l'oeil.
Elle sera embauchée plus tard pour différents travaux de décor notamment dans des ateliers cinématographiques italiens et pour finir trouvera sa plénitude dans la copie des peintures de la grotte de Lascaux.
Des chapitres du livre sont passionnants mais dans un style souvent trop travaillé, beaucoup d'adjectifs, de noms techniques pompeux, qui alourdissent le plaisir de pénétrer dans cet univers.
Les relations entre les personnages sont intéressantes mais mineures par rapport à celui de Paula, sa passion et sa sensibilité pour son art dominant tout le roman.
Sujet assez original, bien traité par l'auteur, mais qui pourrait être moins long et dans une écriture plus dépouillée.
Claude
NAISSANCE D'UN PONT
Construction d'un pont à l'instigation d'un maire désirant amener sa ville à la modernité. Œuvre gigantesque qui nécessite un grand nombre d'acteurs : ouvriers, cadres du BTP, ingénieurs....
Déroulement de la construction du pont avec diverses péripéties et plusieurs personnages à découvrir au fil de la lecture.
Agression de l'ingénieur en chef, des grèves, des accidents.
Un combat pour l'écologie sous-tend le roman. Un écolo du coin agressant au couteau l'Ingénieur en Chef qui ne sera pas tué et qui continuera son travail, retrouvant à la fin du roman son agresseur.
Roman avec des passages trop techniques, des phrases alambiquées et une fin trop peu crédible.
Patrick
A CE STADE DE LA NUIT
. Dans la nuit du 3/10/2013 l'auteur apprend, en écoutant la radio, le naufrage
d'un bateau de migrants au large de l'ile de Lampedusa.
. Des centaines de morts.
. Elle divague alors sur des souvenirs, des livres et surtout sur le film
"LE GUEPARD" adapté du livre de Giuseppe di Lampedusa.
. L'analyse d'un monde qui meurt dans ce film est très intéressante. Le reste
est plus décousu.
Regard d’Hélène
TANGENTE VERS L’EST
Court
roman, haletant, ou l’on suit la fuite vers l’extrême Est de la Sibérie, et le
passage devant le mythique lac Baīkal, d’une
jeune femme, française, qui s’enfuit de son couple amoureux sur un coup de
tête. Elle rencontre dans le train un autre fuyard, un jeune appelé, qui décide
de déserter et de se cacher pour échapper à l’armée, représentée par un
officier violent et féroce. Elle le cache, certains les protègent, d’autres
sont des
dangers....pourquoi lient ils leurs fuite? Par instinct peut-être. Unité de
temps, de lieu, d’action, c’est une forme de tragédie classique qui questionne
sans
apporter de réponses sur la vie, les actes, la compassion, la solidarité, la
violence et décrit en ceux la société russe.....
Regard de Mathilde
A CE STADE DE LA NUIT
Texte court qui répond à une demande de la fondation FACIM (Fondation Interculturelle Internationale en Montagne) : écrit en 2014 l’autrice considère ce texte comme « une expérience intime du paysage ».
Réflexion intime déclenchée par l’actualité et qui convoque le souvenir d’un film : « à ce stade de la nuit ». Chaque chapitre débute par ces mots, à ce stade de la nuit donc, en pleine nuit, dans la solitude de la cuisine, la radio : Lampedusa, naufrage au large de l’ile … embarcation de 500 migrants venus de Lybie 350 morts femmes, enfants …
« A ce stade de la nuit » café, solitude, impuissance face à l’horreur des descriptions … et de la voix qui poursuit … Lampedusa, Lampedusa
« A ce stade de la nuit, ce mot résonne comme l’écho d’une bien autre histoire : les images sont convoquées en flot continu : Burt Lancaster, le Prince Salina du guépard de Visconti adapté du roman de Giuseppe Tomasi di Lampedusa ; elle revoit la scène du bal, reflet de la décadence de l’aristocratie sicillienne « filmée exactement comme un naufrage » dit l’autrice qui remarque que Burt Lancaster, né à New York dans une famille anglo-irlandaise est tout à la fois l »e Prince et le Migrant ».
Elle revoit l’île de Stromboli, les iles volcaniques de la Méditerranée … Face à cette impuissance, l’intolérable et l’incompréhension, surgissent des souvenirs, des divagations autour de ce nom, images intimes vers lesquelles on s’échappe inexorablement.
Les paysage que traverse la narratrice lui sont personnels, mais nous la rejoignons avec son imaginaire description du naufrage.
Au petit jour, admettre que parfois l’humanité touche le fond … . Lampedusa
En conclusion provisoire, elle nous dit « Lampedusa était pour moi le nom de Burt Lancaster, celui d’un prince, celui d’un monde qui sombre » ; c’es maintenant un nom « concentrant en lui seul la honte et la révolte, le chagrin, désignant un état du monde, un tout autre récit ».
Regard de Christiane
Beaucoup d'échanges aussi autour de "réparer les vivants"
Le 17 mai ce seront les autrices italiennes qui seront à l'honneur
et pour le mois de juin "fais ce qui te plait"