LECTURE DE MAI

LES AUTEURES ITALIENNES


Ecrivaine : Goliarda Sapienza

Goliarda est un dérivé de GOLIARD qui signifie : Clerc itinérant et contestataire. C'est un prénom très peu usité.

Goliarda est née à Rome en 1924 et décédée en 1996 (72 ans) ; elle est de parents socialistes, doctrine qu'elle va adopter.

Goliarda avait écrit entre 1967 et 1976 (9 ans) un livre "l'Art de la joie" qu'aucun éditeur n'avait voulu mettre sur le marché. Cela l'a profondément marquée ; elle était en dépression, sa vie sentimentale n'étant pas très brillante également. Son livre a eu beaucoup de succès bien plus tard.

Livre choisi : L'Université de Rebibbia.

En fait, il ne s'git pas d'une université mais d'une prison ; ce nom d'université est donné avec une certaine ironie par Goliarda car elle envisage cet endroit comme un univers d'apprentissage. Elle est emprisonnée en 1980 pour vol de bijoux.  (La période 1960/1980 est très troublée "les années de plomb" droite contre gauche en face d'un gouvernement affaibli et corrompu avec comme point culminant l'assassinat d'Aldo Moro, Président du conseil des ministres, démocrate chrétien, par les brigades rouges ; donc des conditions de détention très dures. il y aura une réforme carcérale par la suite).

Elle dépeint  son arrivée à Rebibbia dans la voiture des gendarmes, ses deux premières nuits dans le monde carcéral féminin, ses rencontres :

- avec les autres détenues : prostituées, voleuses récidivistes,  junkies, révolutionnaires, femmes cultivées qui ne se laissent pas aller)

- avec les gardiennes, les juges, les avocats.

Modifie son comportement pour ne pas être rejetée ou traitée de collabo.

Constate la solidarité entre détenues, l'amour entre femmes, le rapport aux hommes qui viennent contrôler les cellules, les suicides, la folie collective déclenchée par un évènement particulier, la sortie de prison difficile pour certaines qui préfèrent rester en prison.

Elle porte un regard aigu et ironique en faisant la comparaison de la vie à l'intérieur et à l'extérieur de la prison.

Cécile

 

"Marina Bellazza" de Silvia Avallone

Andrea et Marina, deux jeunes qui ont eu une relation amoureuse alors qu’ils étaient adolescents, se retrouvent par hasard, quelques années plus tard. Ils se sont séparés après un incident dramatique. Andrea, jeune homme sensible, fils de petit bourgeois est considéré comme un raté par son père .De son côté, Marina est aussi en manque de   tendresse. Son père est défaillant, sa mère alcoolique. L amour qui les a unis ,est encore bien présent .Pourra t il s épanouir alors que l un voudrait s établir dans une ferme et que l autre ne pense. Qu’à devenir une célèbre chanteuse?

La romancière situe l action dans la vallée où elle a ses attaches. Vallée encaissée, angoissante  qui se désertifie laissant les maisons à l’abandon et les commerces ne remplissant plus leur fonction.

Ce roman retient grâce à ses héros attachants, décidés à réaliser leur rêve.

Monique
 

« Quand le requin dort » Milena AGUS

En Sardaigne, la jeune narratrice, lycéenne de 18 ans sur sa vespa, nous met au cœur de sa famille fantasque où l’on parle de l’amour et de Dieu sans tabou, mais sans jamais trouver ni l’un ni l’autre.

L’auteure nous décrit les personnages de cette famille aux traits bien prononcés : le bienfaiteur, la femme mélancolique, la grand-mère autoritaire et pourtant  pleine de générosité, le musicien dans son monde, mais chacun plein d’humanité, l’amant sado-maso. On navigue entre ces interrogations sur la fragilité de l’amour, du couple, de la famille, des relations sexuelles.

Au milieu de scènes pourtant plus que scabreuses, on navigue entre indifférence, tristesse, douceur et humour et toujours en quête de l’amour sans oublier de s’interroger à chaque fois sur l’existence de Dieu.

Anne

 

 Silvia Avallone. : D’ ACIER

Le roman se situe en Toscane à Piombino au bord de la mer. La seule activité de la ville est l’aciérie avec ses conditions de travail pénibles. Les enfants n’ont que les bares d’immeubles et la plage d’où ils aperçoivent l’île d’Elbe, île riche touristique, qui les fait rêver.

C’est le récit d’une amitié entre 2 filles de 13 ans qui s’aiment d’un amour profond et sincère. Elles sont très jolies, tous les hommes se retournent sur elles, et elles s’amusent de cette agitation. L’une veut devenir romancière, l’autre veut passer à la télé et ne pense pas à l’avenir, d’ailleurs à quel avenir? Elles vivent dans une cité HLM. C’est à travers l’histoire de leurs familles que l’auteure nous décrit l’Italie de Berlusconi et de la sous culture. Une Italie pauvre où les valeurs fichent le camp, seuls comptent l’argent et la célébrité ; les pères et les frères travaillent à l’aciérie, ou s’ils n’y travaillent plus, font du trafic de cuivre, de cocaïne, d’œuvres d’art, les femmes font ce qu’elles peuvent.

C’est un beau roman plutôt noir. C’est le premier roman de Silvia Avallone qui l’a propulsée en tête des meilleures ventes en Italie en 2010.

Je me suis attachée à ces personnages, à la façon dont l’auteure réussit à se transposer dans leurs pensées et leurs émotions et à nous les transmettre.

Emmanuelle

 


 L’île d’Arturo – Elsa Morante

L’île, c’est Provida dans le golfe de Naples, un lieu sauvage et préservé en cette fin des années 30.

L’écriture poétique d’Elsa Morante nous y emporte dans les pas d’Arturo dont l’enfance solitaire, attristée par la mort de sa mère et les fréquentes absences de son père, oscille entre drame et comédie, mais est toujours magnifiée par la beauté de nature, la liberté et les mythes familiaux. En même temps que son univers s’écroule après une cruelle révélation, les premières rumeurs de guerre se font entendre et le départ d’Arturo c’est aussi la fin d’une époque pour l’île.

Elsa Morante (Rome – 1912 1985) est l’auteure de nouvelles, poésies et romans, dont La Storia qui lui a valu un succès mondial. L’île d’Arturo, sous-titrée. Mémoires d’un adolescent, écrite en 1957, a reçu le prix Strega, l’un des plus importants d’Italie.

Annette

 

 

Milena Agus : sens dessus dessous 

L’auteure est née en 1959 à Cagliari en Sardaigne ; elle est professeur d’italien et d’histoire dans un

institut technique de Cagliari. En 2005, elle publie son premier roman, « quand le requin dort » et

C’est en 2006 avec « Mal de pierres » qu’elle est révélée en France.

Le roman : 3 protagonistes habitent un immeuble de la vieille ville de Cagliari face à la mer, ils sont reliés par l’escalier. Au dernier étage M. Johnson, un violoniste âgé. Sous ses fenêtres, la Méditerranée. Il est aidé par Anna un sexagénaire qui habite à l’entresol et qui lui sert de dame de compagnie, voire plus. M. Johnson s’est clochardisé depuis que sa femme est partie. Anna ne

tarde pas à repérer des revues porno cachées dans l’appartement de M. Jonhson, elle se met à porter des dessous chics et rêve d’une nouvelle vie avec le grand artiste du dernier étage.

A l’étage intermédiaire vit Alice une romancière qui tombe amoureuse du fils de M. Johnson.

Chaque habitant de cet immeuble a son grain de folie et pour affronter les turbulences de la vie, ils montent et descendent l’escalier et se réfugient les uns chez les autres pour rêver d’une autre vie.

Livre très optimiste, plein d’humour et d’humanité. Un joli roman qui remonte le moral.

Martine L

 

 

Mal de pierres de Milena Agus

La romancière est sarde et situe son roman dans son pays. Elle y restitue une atmosphère de la fin de la guerre, dans un pays encore pauvre, où une jeune fille qui se trouve laide, et pas très bien dans sa peau, commet quelques actes de folie. On la marie avec un homme qu'elle n'aime pas mais qui, sans l'aimer lui non plus, saura lui montrer une grande affection. Elle aura un fils d'un soldat "rescapé" de la guerre comme elle le nomme, relation très brève qui illuminera toute sa vie, et dont elle aura un enfant grand musicien. Lui à son tour engendra une fille, la narratrice de cette histoire. Roman un peu triste, quelques moments de folie, une certaine âpreté, et pour racheter le tout l'amour profond de cette petite-fille pour sa grand mère un peu folle.

 

Claude

 

 

 

 

 

 

LECTURES D'AVRIL

 

 


MAYELIS DE KERANGAL
née le 16/06/1967 à Toulon

Descendante de la noblesse de Bretagne

Le nom KERANGAL signifie en "gallo" la maison de celui qui parle Français

La mer joue un rôle important dans sa vie ; son père était pilote de navire et son grand père capitaine au long cours.

A obtenu de nombreux prix.

 

 


TANGENTE VERS L'EST

Une invitation, dans le Transsibérien, avec d'autres écrivains, lors de l'année France-Russie en juin 2010, lui a inspiré cet ouvrage. Le Transsibérien traverse toute la Russie (de Moscou à Vladivostock ou Moscou Baïkal lac très cher au coeur des russes,  ce lac représente la plus grande réserve d'eau douce d'Europe) , puis se nomme le Transmongolien pour aller d'Oulan-Bator à Pékin.

L'histoire se déroule entièrement dans le train (wagons à 3 classes : cabines de luxe,  compartimentés, et 3ème classe où  s'entassent les voyageurs de tout bord ; odeurs de nourriture,  transpiration, cris, pleurs, chahuts des enfants trop longtemps enfermés ; et parmi eux une centaine de soldats qui vont faire leur service militaire.

Aliocha est  un conscrit de 20 ans qui refuse de servir et ne pense qu'à déserter. Il n'a pas pu se faire exempter avec les méthodes habituelles (argent pour soudoyer ou une jeune femme enceinte, utilisées par les fils de familles opulentes). Il a peur de la Sibérie, du bizutage par les soldats déjà en place qu'il considère très brutaux.

On est happé, dès le début du livre, par ce huis clos, dans une sorte de course monotone de ce train qui avance à 60km/h, par la description des paysages traversés d'Ouest en Est de la Russie, mais surtout par l'élaboration des plans d'Aliocha pour s'enfuir.

Entre en scène une voyageuse étrangère (une Française) Hélène 30/35 ans ; elle ne parle pas le russe.

Hélène fuit la Russie. Elle avait rencontré son amant russe (Anton) à Paris, ils sont très amoureux l'un de l'autre mais elle ne partage pas la passion de son amant pour son pays et pensait revenir en France après un court séjour entrepris pour le travail d'Anton.

Hélène et Aliocha font connaissance. Leur désarroi devant les circonstances actuelles de leur vie les  lie, toutefois avec une certaine méfiance, tout au moins au début de leur rencontre. Hélène va se lasser de lui venir en aide, elle en a un peu honte car elle sent bien que pour Aliocha s'échapper du train et de son régiment  est une question de survie.

Regard de Cécile

 

DANS LES RAPIDES 

3 adolescentes en quête d’identification. Elles sont amatrices de rock et vont trouver leur modèle en la personne d’une chanteuse de rock Blonde très féminine et tout à fait libre, les poings sur les hanches, sûre d’elle sur la pochette du disque à l’allure bien trempée et féministe. . Elles écoutent sa musique en boucle. Elles rêvent de partir à New York et font des plans. Union parfaite entre ces 3 là jusqu’à ce que …

Une écriture foisonnante qui donne le tournis et qui rend bien compte de cette adolescence éruptive.

Contraste entre la ville terne et grise, reconstruite « au carré » et ces jeunes filles pleines de vie, de joie, de spontanéité, soudées jusque dans l’aviron.

Anne

 


 CORNICHE KENNEDY  
a été publié en 2008, puis adapté au cinéma en 2016.

Le roman se passe à Marseille sur la corniche Kennedy où tous les soirs se retrouve un groupe d’adolescents de 13 à 17 ans. Les jeunes plongent depuis 3 promontoires de plus en plus hauts. Avec Eddy à la tête du groupe, la sécurité et la bonne entente règnent. Un jour, Suzanne, une jeune fille de milieu aisé apparait, elle réussit à s’intégrer au groupe.

Le maire de Marseille décide de lutter contre ces jeunes de la corniche et c’est Sylvestre Opéra, un policier qui se retrouve chargé de lutter contre ces jeunes de la corniche. Les forces de l’ordre emploient de plus en plus de moyens pour arrêter ces adolescents sous prétexte de désordre à l’ordre public. Les jeunes s’amusent à les provoquer et une nuit, Suzanne et Eddy trouvent un paquet de drogue tombé d’un bateau que les forces de l’ordre n’ont pas réussi à intercepter.

Livre très frais : on plonge du haut des promontoires avec eux et c’est bien agréable.

Martine L

 

UN MONDE A PORTÉE DE MAIN 


Paula, jeune étudiante en peinture de décor fait son apprentissage dans une école où elle y acquiert toutes les techniques indispensables avec une rigueur implacable. Elle y fait connaissance de Jonas, jeune garçon également très doué, avec qui elle partagera un logement pendant cette année de labeur de galérien, qui l'épuisera mais l'amènera à maîtriser avec brio sa technique de peintre de trompe l'oeil.

Elle sera embauchée plus tard pour différents travaux de décor notamment dans des ateliers cinématographiques italiens et pour finir trouvera sa plénitude dans la copie des peintures de la grotte de Lascaux.

Des chapitres du livre sont passionnants mais dans un style souvent trop travaillé, beaucoup d'adjectifs, de noms techniques pompeux, qui alourdissent le plaisir de pénétrer dans cet univers.

Les relations entre les personnages sont intéressantes mais mineures par rapport à celui de Paula, sa passion et sa sensibilité pour son art dominant tout le roman.

Sujet assez original, bien traité par l'auteur, mais qui pourrait être moins long et dans une écriture plus dépouillée.

Claude

 


NAISSANCE D'UN PONT  

Construction d'un pont à l'instigation d'un maire désirant amener sa ville à la modernité. Œuvre gigantesque qui nécessite un grand nombre d'acteurs : ouvriers, cadres du BTP, ingénieurs....

Déroulement de la construction du pont avec diverses péripéties et plusieurs personnages à découvrir au fil de la lecture.

Agression de l'ingénieur en chef, des grèves, des accidents.

Un combat pour l'écologie sous-tend le roman. Un écolo du coin agressant au couteau l'Ingénieur en Chef qui ne sera pas tué et qui continuera son travail, retrouvant à la fin du roman son agresseur.

Roman avec des passages trop techniques, des phrases alambiquées et une fin trop peu crédible.

Patrick

 

 

A CE STADE DE LA NUIT

. Dans la nuit du 3/10/2013 l'auteur apprend, en écoutant la radio, le naufrage d'un bateau de migrants au large de l'ile de Lampedusa.
. Des centaines de morts.
. Elle divague alors sur des souvenirs, des livres et surtout sur le film "LE GUEPARD" adapté du livre de Giuseppe di Lampedusa.
. L'analyse d'un monde qui meurt dans ce film est très intéressante. Le reste est plus décousu.

Regard d’Hélène

 

 


  TANGENTE VERS L’EST 

Court roman, haletant, ou l’on suit la fuite vers l’extrême Est de la Sibérie, et le passage devant le mythique lac Baīkal, d’une
jeune femme, française, qui s’enfuit de son couple amoureux sur un coup de tête. Elle rencontre dans le train un autre fuyard, un jeune appelé, qui décide
de déserter et de se cacher pour échapper à l’armée, représentée par un officier violent et féroce. Elle le cache, certains les protègent, d’autres sont des
dangers....pourquoi lient ils leurs fuite? Par instinct peut-être. Unité de temps, de lieu, d’action, c’est une forme de tragédie classique qui questionne sans
apporter de réponses sur la vie, les actes, la compassion, la solidarité, la violence et décrit en ceux la société russe.....

Regard de Mathilde

 

 

A CE STADE DE LA NUIT



Texte court qui répond à une demande de la fondation FACIM (Fondation Interculturelle Internationale en Montagne) : écrit en 2014 l’autrice considère ce texte comme « une expérience intime du paysage ».

Réflexion intime déclenchée par l’actualité et qui convoque le souvenir d’un film : « à ce stade de la nuit ». Chaque chapitre débute par ces mots, à ce stade de la nuit donc, en pleine nuit, dans la solitude de la cuisine, la radio : Lampedusa, naufrage au large de l’ile … embarcation de 500 migrants venus de Lybie 350 morts femmes, enfants …

« A ce stade de la nuit » café, solitude, impuissance face à l’horreur des descriptions … et de la voix qui poursuit … Lampedusa, Lampedusa

« A ce stade de la nuit, ce mot résonne comme l’écho d’une bien autre histoire : les images sont convoquées en flot continu : Burt Lancaster, le Prince Salina du guépard de Visconti adapté du roman de Giuseppe Tomasi di Lampedusa ; elle revoit la scène du bal, reflet de la décadence de l’aristocratie sicillienne « filmée exactement comme un naufrage » dit l’autrice qui remarque que Burt Lancaster, né à New York dans une famille anglo-irlandaise est tout à la fois l »e Prince et le Migrant ».

Elle revoit l’île de Stromboli, les iles volcaniques de la Méditerranée … Face à cette impuissance, l’intolérable et l’incompréhension, surgissent des souvenirs, des divagations autour de ce nom, images intimes vers lesquelles on s’échappe inexorablement.

Les paysage que traverse la narratrice lui sont personnels, mais nous la rejoignons avec son imaginaire description du naufrage.

Au petit jour, admettre que parfois l’humanité touche le fond … . Lampedusa

En conclusion provisoire, elle nous dit « Lampedusa était pour moi le nom de Burt Lancaster, celui d’un prince, celui d’un monde qui sombre » ; c’es maintenant un nom « concentrant en lui seul la honte et la révolte, le chagrin, désignant un état du monde, un tout autre récit ».

Regard de Christiane

 

Beaucoup d'échanges aussi autour de "réparer les vivants"

 

Le 17 mai ce seront les autrices italiennes qui seront à l'honneur 

et pour le mois de juin "fais ce qui te plait"