Lectures d'Octobre

 Le TRAIN

 

AMERICAN DIRT Jeannine Cummins

(Paru en 2020)


Fuite vers les USA de Lydia, libraire à Acapulco, et de son fils de 10 ans après avoir vu son mari et le reste de sa famille massacrés par un puissant cartel de la drogue.

Ils emprunteront la fameuse BESTIA, chemin de fer de marchandises, qui traverse le Mexique jusqu'à la frontière. Ce sont des milliers de migrants du centre de l'Amérique qui s'en servent pour atteindre eux aussi le nord, avec les énormes difficultés pour voyager dans telles conditions aléatoires : voyages sur les toits des wagons si on a la chance de pouvoir y grimper au vol et s'y maintenir.... Poursuite de la police aux arrêts, etc... L'auteure décrit avec beaucoup d'empathie tout ce milieu de migrants dont une poignée pourra se retrouver sur le sol américain. Lors de la fuite de notre héroïne, que de rencontres, d'amitiés, de trahisons.... Des moments trépidants, d'autres émouvants, de la violence, de la poésie. Passionnant même si de rare fois c'est un peu longuet, on ne le lâche pas avant de savoir si Lydia réussira à passer la frontière. Que de rebondissements jusqu'aux dernières pages ! N'hésitez à l'emprunter, il est à la biblio.


Claude





« Railway Bazaar » Paul Théroux

Vous pensez que les voyages en train sont longs, monotones et ennuyeux ?

Que nenni !

Pour changer de point de vue, découvrez l’écrivain-voyageur Paul Theroux, un auteur américain né en 1941.

L’aventure, le rêve, l’humour vous accompagnent tout au long des rails entre descriptions poétiques et observations sociologiques.

Avec le « Voyage excentrique et ferroviaire autour du Royaume-Uni », longez le littoral de la Grande Bretagne des années 80 et visitez quelques 500 cités et villages.

« Railway Bazaar » vous emporté vers l’extrême orient à bord de tortillards et de trains aseptisés.

Et d’autres récits à découvrir.

Bon voyage. 

Annette



« Train de nuit pour Lisbonne » par Pascal Mercier


A Berne, le professeur de lettres classiques, Raimond Gregorius mène une vie tranquille.

Mais un matin, en se rendant à son lycée il croise une femme portugaise désespérée sur un pont. Dans la même journée, dans une librairie, il tombe en arrêt devant un livre écrit par un poète portugais. Ces deux rencontres le bouleversent et le soir même, il prend un trait de nuit pour Lisbonne. Il décide de mener une enquête auprès de ses proches pour découvrir qui est vraiment Amadeus de Prado, médecin, écrivain et résistant au régime de Salazar.


Christine



« 06H41 » Jean-Philippe Blondel

Troyes, Cécile, contrairement à ses habitudes prend le train du lundi matin alors que Philippe prend le même train. Le hasard les assoit l’un à côté de l’autre. Ils furent amant dans leur jeune temps. Se reconnaissent-ils ? en tous cas ils font « comme si non ». Mais chacun va revivre cette époque avec les douleurs, les regrets, les colères. On assiste à 2 monologues intérieurs.

Une parenthèse, à la fois trop longue et trop brève. Un homme honteux, Une femme blessée.

Anne



« L’ile des oubliés » Victoria Hislop  

Née le 8/6/59 à Browley - Angleterre

Elle est une écrivaine, journaliste, romancière : 7 oeuvres à son actif. A pris également la nationalité grecque en 2020. Lors d'un voyage en Grèce, elle rencontre un ancien lépreux, Manoli ; c'est lui qui va lui inspirer son récit.

L'île des oubliés. paru en 2005 ; obtient le prix de la révélation littéraire en Grande Bretagne. Traduit en 35 langues ; 6 millions d'exemplaires vendus dans le monde ; adapté à la télévision grecque en une série de 26 épisodes ; version en bande dessinée.

L'île des oubliés se nomme SPINALONGA. Elle est située en face de PLAKA, un petit village de Crète.

Spinalonga recueillit de 1903 à 1957 une colonie de lépreux ; les bateliers qui accostaient sur l'îlot voyaient tout d'abord une forteresse vénitienne du XVIIIe siècle aux murs incurvés, puis un tunnel débouchait sur le village lui-même où demeuraient les lépreux.

C'est l'histoire d'une famille grecque racontée par l'arrière petite fille qui va se rendre en Crète, dans un premier temps en voyage d'amoureux, mais qui voudra découvrir le passé de toute sa famille car sa mère n'a jamais voulu aborder la question avec elle. Finalement, elle va rencontrer une ancienne amie de sa mère et c'est elle qui lui livrera tous les secrets enfouis de longue date.

Très émouvante succession d'évènements pendant lesquels les personnages sont confrontés à la maladie, la contagion et la mort, la jalousie, l'amour, le dévouement, l'amitié, la honte, la morale mais aussi la vulgarité.

Magnifique plaidoyer contre l'exclusion.

Cécile




« 
Paris-Briançon » Philippe Besson (Ecrivain - Scénariste - Dramaturge)

Né en 1967 à Barbezieux Saint Hilaire dans les Charentes

Autres professions : DRH en entreprise - Critique littéraire - Animateur de télévision

Nombreuses distinctions et nominations

Œuvres principales :

- En l'absence des hommes (évoque les combattants de la guerre de 14/18 et Marcel Proust). Il obtient le prix Emmanuel-Roblès pour ce livre

- Arrête avec tes mensonges

- Un certain Paul Darrigrand – Autobiographies - - Dîner à Montréal

Poitique : A soutenu Ségolène Royal en 2007 - Admirateur de E. Macron à ses débuts, le trouve trop à droite.

 

Paris Briançon :

Epigraphe : Titre d'une chanson d'Alain Bashung "La nuit je mens" (Un homme s'invente une légende pour retenir un amour qui s'en va.)

L'action se déroule dans un train de nuit. L'écriture est cinématographique ; elle nous donne l'impression d'être dans ce train.

Le prologue décrit Paris au printemps et le quai de la gare d'Austerlitz envahi par les voyageurs. L'auteur annonce d'emblée que certains voyageurs ne survivront pas à ce déplacement.

Vient ensuite la description des wagons anciens modèles.

Focus est mis sur une dizaine de voyageurs ; ils vont tisser des liens et peu à peu échanger leurs secrets les plus intimes. Puis se produit le terrible évènement annoncé au cours du récit qui bouleversera la vie des dix personnages et des autres voyageurs.

Cécile


A PROPOS DE VIRGINIA WOOLF

Née Adeline Virginia Alexandra Stephen le 25 janvier 1882 à Londres,

décédée le 28 mars 1841 (59 ans) à Rodmell par suicide (Noyade dans l'Ouse)

Ses parents, Julia et Leslie Stephen, ont déjà été mariés ; elle passe son enfance dans une famille recomposée de 7 frères et soeurs.

A la mort de sa mère en 1897 et de l'une de ses demi soeurs deux ans plus tard, elle fait sa première dépression ; lorsque son père décède en 1904 elle subit un bref internement.

Elle se marie avec Léonard Woolf en 1912 pour qui elle n'a pas d'attirance physique ; ils formeront un couple uni malgré ce manque d'attraction.

Elle devient l'élément central du ''Bloomsbury Group" qui réunit des écrivains, artistes, et philosophes anglais.

Avec son mari, en 1917, ils créent une maison d'édition "Hogarth Press" qui publie la plupart des oeuvres de Virginia.

Sa vie amoureuse est orientée vers le sexe féminin ; Christine Orban l'a très bien décrit dans son roman : "Virginia et Vita".

Dans ce livre Christine Orban nous fait vivre la passion tourmentée, jalouse mais aussi complice de Virginia et Victoria Sackville West ; elle relate également leurs comportements vis-à-vis de leur mari, leur condition sociale très différente. De cet amour naîtra, de la part de Virginia, le personnage d' "Orlando".

Christine Orban : née le 3/10/1957 à Casablanca est une écrivaine, critique littéraire, et dramaturge, Chevalier de l'Ordre des Arts et des Lettres ; a écrit une trentaine de livres.

Victoria Sackville West : 9/03/1892 - 2/06/1962 à Knole (Nord Ouest du Kent), essayiste, biographe, traductrice, jardinière. Vie exubérante aristocratique. Outre Virginia, Victoria aura d'autres liaisons dont Violet Keppel dite Trefusis également écrivaine et dont la mère est courtisée par Edouard VII d'Angleterre.

Cécile




À propos d’ »American dirt », Dominique apporte sa contribution, via l’atelier lecture :


https://www.lemonde.fr/livres/article/2020/09/13/american-dirt-le-roman-polemique-de-jeanine-cummins_6051989_3260.html

« American Dirt », le roman polémique de Jeanine Cummins

Histoire d’un livre. Une Mexicaine et son fils fuient la mort qui leur est promise par les cartels. Écrit par une Américaine, ce roman n’est pas passé inaperçu en plein débat sur l’appropriation culturelle. 

Par Ariane Singer(Collaboratrice du « Monde des livres »)

Publié le 13 septembre 2020

  

« American Dirt », de Jeanine Cummins, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Françoise Adelstain et Christine Auché, Philippe Rey, 544 p., 23 €, numérique 15 €.

Jamais Jeanine Cummins n’aurait pu imaginer la tempête qui allait accompagner la parution, en janvier, de son roman American Dirt aux Etats-Unis. « J’étais une autrice de second rang et je n’avais jamais reçu auparavant une grosse somme d’argent pour un livre. Mes trois premiers ouvrages avaient eu un succès modeste. Je pensais que ce roman serait accueilli de la même façon », raconte au « Monde des livres » la romancière, en visioconférence depuis son domicile de l’État de New York. Comme elle se trompait !

American Dirt, qui relate la fuite vers les États-Unis d’une libraire mexicaine, Lydia, et de son fils Luca, à bord d’un train de marchandises, aux côtés de centaines d’autres migrants centre-américains cherchant à échapper à la violence des cartels de la drogue et à la misère, a suscité l’appétit de neuf maisons d’édition. Au terme des enchères, l’autrice a signé un contrat « à sept chiffres » (d’après le New York Times) avec Flatiron Books. Son livre s’est écoulé à 1 million d’exemplaires en vingt-deux semaines, et a été encensé par Stephen King comme par Don Winslow, qui a vu en lui « Les Raisins de la colère de notre époque ».

La question de l’immigration latino

Mais à ce concert de louanges a succédé une avalanche de critiques assassines. Conspué dès sa sortie, en majorité par des auteurs et critiques d’origine latino-américaine, American Dirt a été accusé de simplifier à outrance la question de l’immigration latino, et de donner une vision caricaturale du Mexique, présenté comme un pays uniformément violent et corrompu, dirigé par les seuls cartels de drogue : un « fantasme trumpien », a ainsi fustigé l’écrivaine américano-mexicaine Myriam Gurba, qui a ouvert le bal des reproches.

Mais le tort de Jeanine Cummins, aux yeux de ses pourfendeurs, est sans doute ailleurs : elle se dit « blanche ». C’est ainsi qu’elle s’est présentée en 2015 dans une tribune du New York Times, et dans la note d’intention insérée à la fin du livre – à la requête de son éditeur. Elle s’y demande s’« il n’eût [pas] été préférable qu’une personne au teint légèrement plus brun que le [s]ien » s’attaque à un sujet aussi sensible que la crise migratoire aux États-Unis. Dans un pays où le débat sur l’appropriation culturelle n’a jamais été aussi virulent, cette étiquette n’est pas passée. Pas plus que la phrase, dans ces mêmes pages, où la romancière déplore la façon dont les migrants latinos sont vus aux États-Unis : « Au pire, nous les tenons pour (…) une masse brunâtre et anonyme de gens pauvres et impuissants », écrit-elle, reconnaissant aujourd’hui à quel point ces lignes étaient maladroites.

Lire aussi (février 2020) :  Article réservé à nos abonnés  Guerre identitaire dans la littérature américaine

Piqués, près de 140 écrivains, dont la romancière mexicaine Valeria Luiselli et l’essayiste féministe Rebecca Solnit, ont adressé fin janvier une pétition à la célèbre animatrice de télévision Oprah Winfrey pour qu’elle renonce à recevoir la romancière dans son « Book Club », diffusé sur Apple TV +. L’émission, transformée en débat sur le manque de représentativité des minorités hispaniques dans le monde littéraire aux États-Unis a bien eu lieu ; mais la grande tournée prévue autour du roman dans 40 villes américaines a dû être annulée, pour raisons de « sécurité ».

L’autrice revendique ses « origines métissées »

L’ironie de l’histoire tient à ce que Jeanine Cummins, née en 1975 en Espagne, où son père, militaire, était posté, est elle-même en partie latino-américaine : fille et petite-fille de Portoricains, elle revendique ses « origines métissées ». « Je suis portoricaine, blanche, américaine, irlandaise », décline-t-elle, tout en affirmant qu’elle n’aurait « jamais imaginé devoir aborder publiquement cette question. Ça ne regarde personne ». C’est précisément ce mélange et l’histoire de sa famille comme celle de son mari (un Irlandais resté longtemps sans papiers aux États-Unis) qui l’ont rendue sensible au sort réservé aux migrants.

Lire aussi Seth Greenland : « Aujourd’hui, l’art aux États-Unis doit servir un but moral ou didactique »

Pour rédiger ce livre, auquel elle a consacré cinq ans de travail, Jeanine Cummins a interrogé de nombreux migrants, avocats, universitaires et responsables d’organisations caritatives et humanitaires. Elle s’est rendue deux fois à la frontière mexicaine. A écrit deux premières versions racontant l’histoire d’un petit garçon, Luca, émigré aux États-Unis. « Mais ça ne marchait pas. Tous les amis à qui j’ai fait lire le manuscrit voulaient en savoir plus sur Luca. J’ai donc dû affronter ma propre lâcheté. » C’est-à-dire remonter à la source et suivre de bout en bout l’itinéraire de migrants mexicains depuis leur pays.

S’il s’agit d’un roman destiné à éveiller les consciences, American Dirt est surtout un livre de deuil, très personnel, pour la romancière, dicté par la mort brutale de son père, en 2016, d’un infarctus. « J’ai passé des mois assise sur mon canapé. Quand j’ai commencé à émerger de la partie la plus profonde du deuil, j’ai senti que je pouvais m’en sortir par l’écriture. J’ai écrit d’une traite le premier chapitre. Je savais que je tenais mon livre. Celui dont mon père aurait été fier. Puis je suis partie m’isoler huit jours dans le désert d’Arizona. Là, j’ai écrit la moitié du roman. »

Il lui a fallu encore huit mois pour l’achever. Face à la violence des réactions qu’a suscitées son livre, Jeanine Cummins hésite à reprendre la plume dans l’immédiat. Elle craint, dit-elle, de devoir s’autocensurer. « Les voix latinos ont été depuis longtemps sous-représentées et sous-estimées aux États-Unis. Mais il m’est douloureux que mon livre agisse comme du sel sur leur blessure. »

Critique

Le voyage de tous les dangers

Libraire à Acapulco, Lydia doit quitter précipitamment la ville après l’assassinat de seize personnes de sa famille, dont son mari, journaliste, et sa mère, par un redoutable cartel de la drogue. Unique rescapée du massacre avec son fils Luca, elle décide de fuir vers les États-Unis en s’embarquant clandestinement à bord d’un train de marchandises, le sinistre Bestia, aux côtés de centaines d’autres migrants latino-américains. Après un chapitre liminaire époustouflant de violence et de maîtrise, dans sa description de la scène du crime initial, Jeanine Cummins déroule une épopée poignante entre le Mexique et la frontière vers la terre promise, où Lydia espère trouver la paix et la sécurité.

Richement documenté, American Dirt plonge au cœur d’un voyage de tous les dangers, pour rendre compte de la détermination des exilés qui n’ont plus rien à perdre. D’une écriture fiévreuse mais qui ne tremble pas devant l’horreur de certaines histoires individuelles, Jeanine Cummins décrit précisément les risques encourus par les infortunés voyageurs, comme les mécanismes de solidarité qui se mettent en place, notamment entre les femmes, les plus vulnérables du périple. La romancière, autrice d’un précédent récit sur le viol et le meurtre de ses deux cousines (A Rip in Heaven, « Une déchirure au Paradis », non traduit), déploie ce qu’il faut de pudeur et de colère pour brosser le portrait en creux d’une Amérique qui refuse de regarder en face la détresse de ses voisins.

 

Prochaines rencontres :

Lundi 21 Novembre : chacun présente le livre de son choix

Lundi 19 Décembre : Les auteurs du XXI° siècle

Toujours à la maison de quartier du Petit Pantin

210 av. Jean Lolive