LECTURES DE FÉVRIER

 Les auteurs russes


Lioudmila Ievguenievna Oulitskaïa née 1943 au sud de l’Oural est une femme de lettres russe. Elle se décrit comme « la dernière juive d’une famille assimilée »2. Elle suit des études de biologie. Elle est l'auteure de nombreux romans et nouvelles. Elle se consacre alors à l'écriture, d'abord pour la radio et le théâtre. Elle collabore un temps au Théâtre musical juif. Dans les années 1980, elle écrit des nouvelles. Mais il lui faudra attendre le démantèlement de l’Union soviétique pour être véritablement reconnue et publiée. Ses œuvres sont largement traduites et diffusées à l’étranger, principalement en Allemagne. En France, elle est publiée dès la fin des années 1980.

Elle reçoit de nombreux prixElle est considérée comme l'écrivaine russe vivante la plus lue à l'étranger. Son engagement politique contre le Kremlin et l'homophobie lui a valu d'être attaquée par des jeunes militants pro-Poutine en 2016.

« Funérailles joyeuses »

C'est dans son loft d'artiste à Manhattan, qu'Alik, peintre juif russe émigré, va mourir, Il est soigné par quatre femmes qui se sont dénudées pour échapper à l'atmosphère étouffante de cet été caniculaire entouré de ses maitresses et de sa femme. L’argent manque, chacun apporte ce qu'il peut, surtout des bouteilles d'alcool, les toiles traînent, un visiteur s'est endormi sur le tapis...

Alik a su recréer l'ambiance de sa Russie natale dans son atelier, une patrie chimérique qui renaît dans ce joyeux bordel et ce mélange d'irresponsabilité et de fête. Ce pays qu'ils ont définitivement quitté, dont ils désapprennent progressivement la langue, ils prennent conscience qu'ils l'ont dans leurs tripes, dans leur sang, au plus profond d'eux-mêmes.

Sa ferme veut à tout prix qu’il se fasse baptiser, Il a accepté de rencontrer un pope à condition de rencontrer également un rabbin...cela donnera un grand moment bien cocasse entre prêtre orthodoxe et rabbin

Quelques portraits savoureux de ces femmes nues ou presque,.

Nina, sa maigre épouse aux longs cheveux d'or qu'il a "rapporté" d'un voyage en Inde. Elle est un peu folle, mais elle est brave.

Valentina une ex campagnarde à la poitrine généreuse qu'il a initié à tout.

Irina Pierson, jadis acrobate de cirque et à présent avocate aux honoraires élevés. Elle a une poitrine entièrement refaite à neuf.et sa fille Maïka, surnommée Tee-shirt, gamine de quinze ans en pleine crise qui porte un tee-shirt sympa offert par Alik, le seul qui semble la comprendre

Baptisé à la va-vite alors qu'il est inconscient, enterré selon les rites israélites, il n'est à sa mort ni chrétien, ni juif, il reste profondément russe. Il adresse un message posthume à ses amis : « Allez servez à boire ! Buvons et mangeons ! Comme toujours ! Comme d'habitude » La fête, la frénésie et la bohème doivent lui survivre.

Anne

Nina Berberova (1901-1993)

Née à St Petersbourg dans une famille de la bourgeoisie, d’un père arménien et d’une mère russe, Nina émigre en 1922 avec son compagnon, le poète Vladislav Khodassevitch. Après Saarow, chez Maxime Gorki, Marienbad et Sorrente, le couple arrive à Paris en 1925. Nina travaille comme journaliste dans une revue pour les émigrés russes, très nombreux à Paris. Elle commence à écrire les Chroniques de Billancourt, de courts récits mettant en scène ces immigrés dont beaucoup travaillaient aux usines Renault et vivaient aux alentours.

Le talent de Nina n’est pas reconnu en France et elle part aux Etats-Unis en 1950 où elle enseigne la littérature russe à Yale. Elle publie plusieurs courts romans dont les héros sont toujours des émigrés russes de la première génération, son œuvre est saluée par la critique et elle rencontre enfin le succès. Mais il faudra attendre les années quatre-vingts pour que Nina soit traduite et publiée en France.


 Son roman le plus connu est « 
l’Accompagnatrice » histoire d’une jeune pianiste de condition modeste au début de la révolution russe. Recommandée pour accompagner une cantatrice, elle découvre un milieu bourgeois aisé qui vit très confortablement au milieu de la souffrance du peuple. Ce conflit de classe entre les deux personnages principaux est une métaphore de la révolution russe. La cantatrice et son mari finiront par émigrer à Paris entraînant avec eux l’accompagnatrice. Après le suicide du mari et le départ de la cantatrice pour l’Amérique, elle reste en France, avec le sentiment de n’être plus rien.

Chroniques de Billancourt – Actes sud

Récits de l’exil (l’Accompagnatrice, Roquenval, le Laquais et la putain, Astachev à Paris, la Résurrection de Mozart, De cape et de larmes, le Roseau révolté, le Mal noir) – Actes sud

Annette


Tchekov

Tchekhov est davantage connu comme auteur de pièces de théâtre.

C’est un roman (plutôt court, mais trop long pour une nouvelle) écrit en un mois (de janvier à février 1888) . L’auteur n’est pas satisfait de son œuvre quand il commence à écrire, mais quand elle est aboutie, il la considère comme son chef d’œuvre !


« La steppe » 

C’est le récit d’un voyage à travers la steppe ; le principal protagoniste est un enfant de 9 ans qui part avec son oncle et un prêtre. L’enfant quitte sa mère (il est orphelin de père) pour rejoindre une grande ville où il pourra faire des études secondaires. L’oncle est un négociant qui voyage pour affaires.

Après 24h de voyage dans une vieille calèche, l’oncle confie l’enfant à un convoi de routiers qui transportent de la laine ; le petit garçon est hissé sur le dernier chariot du convoi. Le voyage ralentit : les chariots sont très chargés, il fait très chaud (arrêt dans l’après-midi pour voyager la nuit). Il y a 6 routiers d’âges et de caractères très divers ; ils racontent leur passé au garçon, et aussi des histoires à faire peur qui se sont passées dans des auberges.

Le voyage dure 4 jours, pas de grand évènement, seulement un orage avant l’arrivée.

J’ai aimé l’alternance des regards :
  • celui du narrateur

  • celui de l’enfant (même si ce n’est pas lui qui raconte, il y a des passages où on voit avec ses yeux)

les ambiances différentes, la variété des personnages rencontrés

Constance



 « L’idiot » de Dostoievski

Ecrit en1868. Paraît d’abord en feuilletons dans un journal de Moscou.
Le prince Michkine a 27 ans. Il a été soigné par un médecin de Genève pour des crises d’épilepsie qui l’avaient rendu complètement idiot. Guéri, il rentre à Moscou et rencontre dans le train Rogogine, un jeune homme de son âge. Il a un mot de recommandation pour une famille noble de Moscou. Il y découvre la photo de Nastassia Philipovna qui lui fera une très forte impression. Il fait la connaissance des trois filles d’Elisabeth. Il apprend qu’un de ses parents vient de mourir et qu’il va toucher un très bel héritage. Il devient un parti intéressant ...
Difficile de se contenter de ce résumé.
L’Idiot c’est tellement plus que cela ! Tous ces personnages qui vont interagir et aller vers leur destruction : Le prince, image Christique, cœur ouvert qui ne sait mentir, Nastassia violée enfant qui vit dans la honte d’elle- même, Rogogine qui connait une passion destructrice pour Nastassia P. et qui finira par la tuer, Aglae la jeune et jolie fille d’Elisabeth ; que le Prince aime mais ne choisit pas par compassion pour Nastassia.et qui se mariera avec un joueur qui dilapidera sa fortune.
Dostoievski a écrit ce roman quand il souffrait d’épilepsie. Et le livre est marqué par cette intensité insoutenable, qui se vit pendant les crises. Il y exprime ses obsessions et son amour pour le Christ en butte avec un monde blessé, menteur et hypocrite.
Ma première lecture de l’Idiot , c’était à 18 ans ; J’avais été totalement captée par la force du roman et les caractères excessifs des personnages. Je l’ai relu l’année dernière avec beaucoup d’intérêt et de plaisir.

Christine Fleuret


Ingrid nous a fait lecture de quelques poèmes :

Alexandre Pouchkine 1799 1837

              Obscurité

Tu quittas ces bords étrangers

pour revoir ta patrie lointaine.

Triste fut l’heure, inoubliable,

où longtemps tu me vis pleurer.

D’un geste mes mains transies

J’essayai de te retenir,

Je te suppliais, gémissant,

de ne pas écouter l’horreur de nos adieux.


Mais toi tu arrachas tes lèvres

A l’amertume des baisers.

Loin, loin de l’exil sépulcral, tu m’appelais vers d’autres rives,

Tu disais : « nous nous reverrons

Sous un ciel bleu, inaltérable,

Et nos lèvres se rejoindront

Sous de ramures d’oliviers »



Marina TSVETAIEVA

1892/ 1941 (suicidée)

Qui dort chaque nuit ? Personne ne dort !

L’enfant crie dans son berceau,

le vieillard est face à sa mort,

le jeune homme parle avec son amie,

le souffle à ses lèvres, les yeux dans ses yeux.


On s’endort – s’éveillera-t-on ici encore ?

On a le temps, le temps de dormir !


Un gardien vigilant, de maison en maison

Passe, un fanal rose à la main,

et, grondements saccadés par-dessus l’oreiller,

Sa crécelle violente va gronder :

- ne dors pas ! Résiste ! Je dis vrai !

sinon c’est le sommeil éternel !

sinon, c’est la maison éternelle


Vladimir Maiakovski 1893 – 1930

J’aime

Comme une flotte rentre au port,

Comme un train roule vers la gare,

Vers toi comment n’irai-je, alors

Je t’aime et fais de toi mon phare.


Ingrid a aussi partagé quelques "passions" :

auteurs russes

Boris pasternak, prix Nobel 1958. Le docteur Jivago, film en a été tiré avec Omar Sharif et Julie Christies.

Alexandre Soljenitsyne, le pavillon des cancéreux, décrit exercice de la médecine à cette époque.

Autour de la Russie :

Collection Morozov, fondation Vuitton, prolongée de 2 mois. Catalogue à Elsa Triolet.

Répine au Petit Palais, portrait de Léon Tolstoi. Le tableau les haleurs de la Volga a servi à illustrer Premier amour d'Yvan Tourgueniev. Sa datcha est à Bougival

Actualités culturelles :

Expo photo Steve McCurry, musée Maillol rue du Bac métro.

Année 2022,année Y Saint Laurent. Expos à Pompidou, au MAM, au musée Picasso, à fondation Pierre Berger, métro Alma Marceau.

À visiter, église orthodoxe russe, avant quai Branly, métro Alma Marceau. Peut-être balado visite, ou église orthodoxe ds 7ème.


« Enfance. Adolescence. Jeunesse » Léon Tolstoï


Une première œuvre de Tolstoï qui révèle le grand écrivain russe qu'il sera inspiré de son enfance et adolescence, de sa jeunesse, on y retrouve toute la vie en Russie de cette époque pour un garçon élevé dans un milieu bien sûr privilégié. Très belle écriture déjà, de belles descriptions de la nature,
es tâches journalières de la vie à cette époque dans la campagne, une maîtrise dans l'art d'expliquer ses sentiments, ses élans, ses remords et sa recherche d'absolu. Bref un grand classique que l'on lit tout jeune et qu'on relit avec plaisir des années plus tard.

Claude

« Volia Volanaia »
Victor Remizov
L'auteur contemporain nous amène dans la taïga orientale où les hommes vivent de la chasse, de la pêche et de la vente d'œufs de saumon, commerce illégal moyennant bakchich de 20 %. Suite à un incident, les autorités de Moscou s'en mêlent. Des militaires sont envoyés sur place et le héros d’un roman doit fuir et se réfugier dans la taïga. Le roman décrit bien la corruption à tous les niveaux de
la vie en Russie. On profite de merveilleuses descriptions et évocations de la vie de cette taïga hostile. On lit ça comme un polar, cela tient en haleine jusqu'au bout....Notre héros s'en tirera-t-il ?

Patrick



« Le jardinier d'Otchakov »  ANDREI  KOURKOV


C'est une histoire un peu loufoque qui nous fait voyager entre deux époques :
 l’Ukraine actuelle où le narrateur, trentenaire désœuvré, a un copain hacker et l'an 1957 dans la petite ville d'Otchakov au bord de la mer noire où l'on retrouve la corruption et la mafia.
Nous faisons des va et vient entre 1957 et 2010.
Ce livre parle de chômage, d'ennui, d'alcool mais il n'est pas triste et réserve une fin heureuse.

Hélène




« Un héros de notre temps »,
Mikhaïl LEMONTOV

paru en 1840 s’inspire de beaucoup de situations vécues par l’auteur, envoyé en exil par le tsar Nicolas I

Le personnage principal, parfois narrateur, Alexandrovitch Petchorine est un fils de famille, vivant sans foi ni loi, en constant mouvement et éternel insatisfait. Le récit émaillé de superbes descriptions du Caucase traversé ,nous emmène de villes d'eau où évoluent de belles princesses, aux garnisons de militaires à la vie rude en passant par les montagnards frustes ,les contrebandiers prompts à dégainer. Les femmes ont une place importante dans le récit, séduites, enlevées qu'elles soient d'origine aristocratique  ou sauvageonnes du pauvre peuple

Foisonnant, déroutant, c’ est un roman fascinant qui préfigure les grands romans russes .

Monique



Nicolas GOGOL  naît en 1809 en Ukraine dans une famille de nobles paysans à fortune limitée

Son père meurt quand il est adolescent et il reçoit de sa mère une éducation pieuse qui fera de lui un grand mystique , il est persuadé transmettre des paroles et des messages divins .

.Il arrive à Saint Petersbourg, la ville de Pouchkine que Gogol admire et qui l'incitera à écrire ; Gogol devient une des figures principales de l'Age d'Or de la Littérature russe et un des fondateurs de la Comédie dans cette littérature 

Il commence par écrire de la Poésie ,et dans les années 1830-1840 alors que la poésie est écartée ,  toujours sous l'influence de Pouchkine ,il écrira de la prose et des romans

Gogol est un angoissé,un inquiet pour le salut de son âme , c'est un être totalement déséquilibré qui mettra le feu à quelques unes de ses œuvres et notamment à la dernière version des "Âmes Mortes" quelques semaines avant sa mort en 1852. Il sers toujours à la recherche de l'absolu et toujours dans l'incapacité de le trouver .; il se sent responsable face au Mal Humain et porte le poids de la misère humaine

« Le Nez »  paraît en 1836 

Dans cette nouvelle loufoque Gogol joue les illusionnistes  et nous fait miroiter tous les travers de la société russe de la première moitié du 19ème siècle, corruption, incompétence  des petits fonctionnaires ...

Kovaliov, assesseur de Collège fonction honorifique et futile, un matin, perd son Nez !   qui : " en somme ne lui manquerait pas tant ..sauf pour ses conquêtes féminines   ..! Et aussi car il s'agit d'une révolte d'une partie du corps qui affirme : " Je suis moi et l'on ne va plus me respecter, me maîtriser quelle humiliation "

S'en suivent, déambulations comiques  et plaintes  pour retrouver ce précieux appendice  et l'occasion de peindre  ces serviteurs de l'Empire qu'ils soient policiers, journalistes ou médecins  petits fonctionnaires tous sourds à sa quête.

Jusqu’au jour  ! Où le Nez reprend sa place ...et l'assesseur ses orgueilleuses conquêtes sociales et féminines.

Conclusion de Gogol : 

" Le Rire est une grande Chose, il n'enlève à personne ni la vie ni les Biens "

Christiane

 

Prochains groupes lecture 

Lundi 14 Mars : donc autour de la femme, du féminisme ...

Lundi 11 Avril : les auteurs espagnols


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