Pedro Almodovar et la Movida

 

 

Pedro Almodovar Caballero et la Movida madrilène

Le 20 Novembre, Francisco Franco s’éteint après une longue agonie retardée par de multiples hospitalisations et opérations. Juan Carlos de Borbón lui succède, suivant ses vœux, en tant que Roi, mais dans un processus de monarchie démocratique.

            Le terme de Movida tiré de l’expression : « hacer una movida » signifie quitter Madrid pour aller se procurer drogues et haschich, en province. La jeunesse madrilène s’engouffre dans cette soudaine liberté pour faire la fête. Madrid nunca duerme devient le slogan de la capitale. Les mœurs si entravées se libèrent du carcan de l’église acquise à Franco. Les tabous sexuels, les excentricités vestimentaires, l’homosexualité mieux acceptée envahissent l’espace commun. Les revues porno sont au premier plan dans les kiosques. Les étals au parc du Retro scandalisent les parents venus promener leurs enfants.


  Le mouvement libérateur s’accompagne d’une explosion culturelle dans tous les domaines : cinéma, photos (Ouka Leele 
 


– Miguel Trillo), B.D.(El Vibora) musique (Alaska chanteuse et son groupe : Les Pegamoides

Les influences musicales viennent du hard rock, du punk, du glam rock dont le chef de file est David Bowie. Les cabarets se multiplient, de confidentiels, ils sont alors fréquentés(Almodovar s’y produit en tant que chanteur punk rock, jupe en cuir, bas résille, maquillé et boucles aux oreilles). Le quartier Malasaña est le centre du mouvement de la Movida.Toute la culture underground est alors récupérée par les artistes espagnols

Notre nouvelle vague en France : 1978/1981

 

 

Pedro Almodovar Caballero nait en 1949 en Castille. Sa famille est pauvre, famille de muletiers, son père est comptable. Il a 2 sœurs et un frère qui le secondera dans son activité.

La région étant ravagée par la guerre d’Espagne, la famille part s’installer en Extremadura alors qu’il n’a que 8 ans. Il fait ses études dans un établissement religieux, l’éducation y est stricte. Très doué, il ne pense qu’à fuir cet environnement qu’il dépeindra dans la « Mauvaise éducation ». Il y aura ses premières amours avec un compagnon de classe et subira les actes pédophiles du père Manolo, leur professeur de littérature.

Dès qu’il peut il s’échappera pour aller au cinéma. Alfred Hitchcock est un de ses cinéastes préférés (il apparait comme lui dans les film « la loi du désir » en 1980.

A sa majorité, il part seul à Madrid pour étudier le 7ème art. A son arrivée, l’école officielle du cinéma est fermée selon les ordres de Franco.

Il se résout à se former seul, fait des  petits boulots pour survivre et trouve un poste stable à la Compagnie nationale de téléphonie. Cela lui permet d’acheter sa première caméra super 8.

Il commence alors à tourner des petits films aux titres évocateurs : « baise, baise moi » ; il écrit des nouvelles, réalise des romans-photos pour des revues, se produit dans un groupe punk-rock.

Il fait la connaissance de Carmen Maura qui le pousse à intégrer le théâtre indépendant : « los Goliardos ».
Il a 25 ans quand ses courts-métrages sont repérés et 29 ans quand il tourne son premier film : « Pépi, Luci, Bom et les autres filles du quartier en 1980 grâce à ses amis qui lui avancent les fonds. C’est en 1988, avec « Femmes au bord de la crise de nerfs » qu’il est reconnu au niveau international.

Elevé et entouré de femmes aimantes, celles-ci seront le plus souvent le fil conducteur de ses films.

Il fait partie des réalisateurs qui révèlent les talents féminins en faisant même des muses dans le cas de :

 


Pénélope Cruz, dont il dit qu’il aurait pu l’épouser tant il la désirait et était amoureux.

 

 

 

Carmen Maura, 

son pygmalion. Il en sera proche jusqu’en 1988 (le tournage de femmes au bord de la crise de nerfs l’ayant profondément blessée), elle ne reparaitra qu’en 2006 dans « Volver ».

 

 


Victoria Abril,  actrice porno dans « la loi du désir » 1987 est choisie pour son exubérance.

 

 

 

Rosy de Palma
qu’il impose dans sa singularité dans la « loi du désir ». 

 


Marisa Paredes, qu’il engage en 1983, égérie « dans les ténèbres » et que l’on retrouve tout au long de ses films.

 

 

Il reste aussi fidèle à Antonio Banderas que l’on voit pour la première fois dans le


film « le labyrinthe des passions » en 1982.
Il lui fait interpréter son personnage en 2019 dans le superbe film « douleur et gloire » -Almodovar s’y représente au bout de ses désirs- cet interprète n’a jamais été reconnu à son juste talent en Espagne. Lui a-t-on fait payer son départ aux USA en 1992 ? et son mariage avec une américaine, Mélanie Griffith ?

 

Les thèmes que traite Almodovar sont le plus souvent ceux des rapports mère/fils. Les femmes sont fortes, belles, combattantes. La mort de sa mère, femme qu’il adorait et qui lui inspirera le film : »tout sur ma mère » en 1999, marque une fin de cycle.

Almodovar, homosexuel, lui-même, donne une large place aux êtres qui ne rentrent pas dans les cadres reconnus et estimés convenables : transgenres, travestis, prostitués, drogués, fascistes, obsédés sexuels. Le sexe est omniprésent dans son œuvre : libéré, désirant, porté à ses limites. MATADOR en 1985 où la femme est comme une mante religieuse.

 

« La loi du désir »en 1986 commence par une scène d’amour entre 2 hommes, (Pas accoutumée à ce spectacle, ce n’est que de l’émotion que j’ai ressentie) allant jusqu’à l’extrême, un homme se transforme en femme pour vivre avec son père.

Almodovar se veut réalisateur total.


S’il est imprégné du cinéma des grands réalisateurs Bergman, Fellini, Visconte, Buñuel, Cassavetes, il reste espagnol. Dans les premiers films, les couleurs sont saturées, claquantes avec des références aux dessins de Picasso qui l’inspire dans son mode cubiste. Les couleurs sont en rupture avec celles utilisées pendant la période franquiste, éteintes et le plus souvent, noires.

Les contrastes sont forts : bleu/rouge ou noir/rouge comme dans le sublime film : « Matador ».

Le rouge peut avoir plusieurs significations : église, violence, sang, volupté, féminité/ rouge à lèvres.

Le bleu : républicain, affirmation du personnage.

Le jaune drapeau espagnol, or, joie, soleil

Les contrastes s’adoucissent au fur et à mesure pour aboutir aux décors raffinés de « Douleur et Gloire ».

Son goût de la musique se retrouve dans « Piensa en mi », interprété par Luz Casals dans Talons aiguilles » en 1991

 

 

 

Récompensé de nombreux prix :         les Goya en Espagne

                                                                       César en France

                                                                       Oscar aux USA

Il rafle tout et ses interprètes sont également primés

Assagi, à 71 ans, il vient de tourner un film tiré de la pièce de théâtre : « la voix humaine » de Cocteau, où, une femme abandonnée par son amant se morfond en l’attendant. Il a choisi Tilda Swinton comme interprète. La couleur reprend se droits et y explose

 

Monique

 

Pour le plaisir des oreilles vous pouvez écouter « Piensa mi »

https://www.youtube.com/watch?v=LS04M9Mz26E&list=RDLS04M9Mz26E&start_radio=1